Déplorant la pauvreté du débat démocratique sur tout ce qui touche à la construction d’un monde de paix, l’UEP a adressé aux quatre listes candidates connues pour les municipales à Brest (hormis celle du Front National) la lettre ci-jointe. Par ce courrier nous leur demandions si elles envisageaient de développer une culture de paix à Brest et si oui de quelle manière.

Nous n’avons hélas reçu qu’une seule réponse, celle de la liste « Colère de Brest, l’humain d’abord ». Vous la trouverez ci-dessous comme nous nous y étions engagés.
Est-ce à dire que les autres listes se désintéressent de cette question ? Pour le moins, ça ne semble pas être dans leurs priorités. Peut-être pensent-elles que soulever cette question n’est pas très « rentable » électoralement dans une ville où le poids du « militaire » reste important dans les esprits sinon dans l’économie ?
Quoi qu’il en soit, nous regrettons de ne pas pouvoir vous éclairer sur leurs positions en ce domaine.

Nous savons qu’il nous reste encore beaucoup à faire. Tout au long du prochain mandat municipal, nous continuerons donc à faire des propositions et à agir pour faire grandir la culture de paix à Brest.

(gravure P. Péron à l’entrée de l’abri Sadi Carnot)

Lettre adressées aux candidats brestois aux municipales mars 2014

« Nous souhaitons connaître l’avis de votre liste sur notre proposition de voir Brest s’engager en tant que Ville "pour la promotion d’une culture de paix".

Après la chute du Mur de Berlin des craintes s’étaient exprimées, dans notre agglomération, sur de possibles conséquences négatives pour l’emploi, très dépendant des activités de "défense". Trouvant dramatique qu’une ville détruite par la guerre puisse avoir peur de la paix, notre association s’était constituée afin de promouvoir des activités alternatives ouvrant sur une économie de paix.
Notre association au cours des ses 23 années d’existence s’est aussi beaucoup investie pour la culture de paix : ouverture de l’Abri Sadi Carnot, débats, conférences, édition d’une publication bimestrielle, "l’Orange Bleue", éducation à la paix dans les établissements scolaires,…
Nous avons obtenu des résultats, telle la pérennisation de l’ouverture de l’Abri Sadi- Carnot. Mais nous n’avons pas, pour le moment, abouti à la création d’une "Maison de la Paix" qui serait un lieu de réflexion et d’échange entre tous ceux qui se préoccupent de faire grandir la culture de paix, l’apprentissage de la gestion non-violente des conflits,…
Bref, nous voudrions que Brest prenne place parmi les villes qui se sont engagées pour construire un monde de paix, en adhérant, par exemple, à l’association "Maires pour la Paix" qui à l’initiative des villes d’Hiroshima et Nagasaki lutte pour l’abolition des armes nucléaires.

Qu’est ce pour vous qu’une culture de paix  ? Envisagez-vous de développer à Brest cette dimension culturelle  ? Et si oui de quelle façon  ?

Souhaitant que vous acceptiez de nous donner votre point de vue assez vite pour nous permettre d’en rendre compte dans le prochain numéro de l’Orange Bleue, dont la copie doit être prête pour le 15 février, nous vous prions de croire à notre attachement à la construction d’un monde de paix. »

"Qu’est ce pour vous qu’une culture de paix ? Envisagez-vous de développer à Brest cette dimension culturelle ? Et si oui de quelle façon ?

Réponse de la liste "COLERE DE BREST" :

Culture de paix et bien vivre ensemble

La culture de paix se cultive au quotidien par le respect, la curiosité et l’échange et non le rejet et la stigmatisation. Ainsi nous développerons des lieux de proximité pour l’accès à la culture y compris par le sport. Ces lieux seront aménagés pour tenir compte des horaires de travail des salariés, et des besoins propres aux jeunes, ce qu’a déjà intégré le secteur marchand auquel nous ne souhaitons pas laisser toute la place (spectacles, centres de remise en forme....). Une autre priorité pour permettre le bien vivre, c’est l’accès à la santé avec des centres qui regroupent sous coordination municipale médecin, dentiste, permanences d’associations (comme le planning familial). En lien avec les structures en place (écoles notamment) ces centres auront un rôle préventif important et seront ouverts à tous. Un de nos points clef sera enfin la mise en œuvre de la gratuité dans les services publics (transports, eau, cantines...) pour supprimer les stigmatisations d’ordre social et se réapproprier le bien commun et, en lui redonnant tout son sens, mieux le préserver et l’améliorer. Des comités d’usagers et de salariés viendront compléter cette réappropriation.

Culture de paix et femmes

Brest - ni plus ni moins qu’ailleurs - est concernée par la violence faite aux femmes. Qu’il s’agisse de prostitution, de femmes violentées, les chiffres tournent autour de la moyenne nationale, ce qui signifie à Brest à peu près 800 femmes concernées par an. Un seul lieu est en place pour le moment . Il concerne une dizaine de femmes, qui trouvent là un havre de quelques mois pour se reconstruire. Malheureusement toutes les autres n’ont que quelques nuits d’hôtel à leur disposition. Mais qu’il s’agisse de personnes sans papiers ou de femmes avec enfants, on ne peut espérer vivre normalement dans ces conditions (isolement, cuisine à l’eau tiède du robinet...). Un vrai refuge, peut être en autogestion, ou pourquoi pas, davantage d’appartements disséminés sur la ville qui dispose de 6000 logements vides, la question se pose et doit être résolue. Pour compléter ces solutions d’urgence absolument nécessaires, une place d’adjoint(e) à l’égalité ainsi qu’un budget propre sont aussi en bonne place dans notre programme.

Culture de paix, armement et relations internationales

Nous adhérerons à la branche française de la Conférence mondiale des Maires pour la Paix dont font déjà partie plus de 5000 collectivités dans le monde. A ce titre nous militerons pour un monde sans armes nucléaires. La dénucléarisation des armes concerne directement notre cité. Nous disposons sur place des moyens humains, des lieux et des équipements nécessaires pour mener à bien cette tâche de longue haleine. Il faut dès maintenant s’y préparer. Nous monterons à cet effet une structure de reconversion chargée d’anticiper la fin du nucléaire militaire. L’État qui a bridé tout développement autre que militaire a une dette envers Brest. Il doit lui donner les moyens suffisants pour sa reconversion économique.
La production d’armes et de matériels militaires ne peut selon nous être l’affaire d’intérêts privés et les guerres, un marché pour les industriels de l’armement. Maintenue conformément à la charte de l’ONU dans les limites d’une stricte suffisance, la production d’armes et autres matériels militaires doit rester dans le domaine public, sous l’étroit contrôle du peuple.
La culture de paix passe aussi par une connaissance des enjeux stratégiques, la plupart du temps économiques, qui prévalent dans nos interventions, notamment en Afrique. Il faut dénouer les fils des guerres que nous menons afin de dénoncer ces positions postcoloniales.