«  Nous devons avoir une guerre d’avance  ». Cette phrase prononcée par le Président Macron lors de la présentation de la Loi de Programmation Militaire (LPM) résume à elle seule, en dehors de son caractère agressif, la politique de surarmement vers laquelle le Chef des Armées compte entraîner notre pays dans les cinq prochaines années. Les chiffres annoncés viennent corroborer cette vision du projet : 413 milliards d’euros, (+40%) par rapport au précédent, et cerise sur le gâteau 53 milliards, soit 13 % de l’enveloppe globale consacré à la dissuasion nucléaire.

Une telle disposition est la réaffirmation d’une absence de volonté de se joindre aux 122 signataires du TIAN (Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires ). La France se maintien ainsi dans la violation de l’article 6 du TNP (Traité de Non Prolifération) : «  les parties s’engagent sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires ».

Dans un pays secoué par une crise sociale et sanitaire rarement égalée, de tels chiffres frisent l’indécence. Par cette politique guerrière, le chef de l’état choisit au détriment de ses compatriotes « d’engraisser » l’OTAN sous la pression non dissimulée des Etats-Unis . Les besoins de la nation pour des financements de transformations et innovations pacifiques - santé, éducation, jeunesse – sont énormes. Aujourd’hui où le « mieux vivre » est la revendication primordiale, il est incompréhensible de consacrer de telles sommes à des équipements destinés à la destruction des biens et des humains. Ces dépenses disproportionnées tournent le dos aux orientations essentielles de notre siècle quand l’insécurité de nos concitoyens est davantage liée aux bouleversements climatiques, sanitaires et aux inégalités sociales qu’à une éventuelle agression de l’étranger, contre laquelle nous sommes déjà trop largement équipés.Au cours d’un récent colloque Bertrand Badie, universitaire spécialiste des relations internationales déclarait : « Les canons ne protègent pas des insécurités climatiques, alimentaires, sanitaires à l’origine des violences. La seule solution pour prévenir les guerres est le traitement social du conflit ». Dans sa vision passéiste des rapports internationaux le Président reste attaché à l’antique adage « si tu veux la paix prépare la guerre » auquel nous opposons plus que jamais : « si tu veux la paix prépare la paix ».

Yvon Pichavant, l’Orange Bleue, n°133