Une expérimentation lancée déjà depuis plusieurs mois dont le résultat au regard de la participation est manifestement un échec.

Une intervention présidentielle toujours reportée, un contenu peu clair, une organisation mal ficelée, un encadrement très critiqué… autant de difficultés qui montrent s’il en est besoin que ce SNU est loin de répondre à des attentes qui restent sans doute mal identifiées.

Mais que veulent donc promouvoir nos décideurs avec ce SNU qu’ ils semblent être les seuls à vouloir, le savent-ils eux mêmes ?

La citoyenneté, l’engagement, la responsabilité ? Pourquoi pas ; mais l’école le fait déjà et souvent très bien. En complément, elle sait qui solliciter pour l’aider dans ces missions et contribuer à l’accompagnement des jeunes sur les voies de leur émancipation, pour développer leur esprit critique. Les associations en particulier d’éducation populaire dont c’est une des fonctions, ne sont-elles pas mieux placées que les militaires pour cela ?
En quoi la levée des couleurs, chanter la Marseillaise, l’apprentissage de chants guerriers ou le port de l’uniforme vaudrait mieux que la lutte pour l’environnement, l’égalité des chances, le partage des richesses ou contre le racisme et l’antisémitisme ? Leur a-t-on posé la question ?

La jeunesse et leur école méritent selon nous une meilleure considération et des moyens plus adaptés pour répondre aux besoins d’éducation qui vont au-delà des apprentissages scolaires classiques. Ce n’est pas en imposant des parcours hors cursus que l’on inculquera mieux les valeurs républicaines qui ont pour but de les faire vivre en société. Faire intervenir, comme dans ce collège du XIIème * arrondissement de Paris, des policiers afin d’améliorer les relations entre les jeunes et les forces de sécurité en leur faisant découvrir les techniques d’interventions, le menottage ou encore le maniement des bâtons de défense et des armes…nous paraît sidérant !

C’est vrai que faire appel à des intervenants extérieurs à l’école impose une grande vigilance. Mais plus encore il nous semble plus crédible d’interroger les élèves sur leurs attentes, d’évoquer avec eux les enjeux que cela représente et leur proposer les interventions les mieux adaptées. Nous ne sommes pas surs que cela soit plus compliqué à mettre en œuvre et dès lors que les moyens financiers (2Mds d’euro pour le SNU) existent il ne reste que la volonté à transformer en actes.

*Dans le cadre d’un partenariat entre l’Education Nationale et l’association « Prox’RaidAventure » fondée par un ancien policier du Raid et sponsorisée par les plus grandes fortunes françaises.

Pierre Cariou, L’Orange Bleue, n° 133