L’explosion des flux d’information et des flux migratoires induisent des confrontations culturelles, dans un contexte d’inégalités socio-économiques massives, aggravées souvent d’obscurantisme (refus de distinguer le croire et le savoir) : un terreau pour les actes de terrorisme et de haine.

L’actualité révèle le caractère indispensable de la culture de paix. Cette culture bénéficie d’un cadre de travail remarquable : la loi de 1905. Elle n’exprime ni une opinion, ni une conviction, mais la liberté d’en avoir une, elle rend la liberté individuelle compatible avec celle des autres, elle conditionne l’existence de la diversité dans nos espaces de vie et garantit la cohésion sociale, elle implique la reconnaissance et le respect des singularités dans le souci de l’intérêt général.

L’Education est la clé de cette culture. Les outils à disposition des acteurs sont nombreux et accessibles. Encore faut-il que le gouvernement ne casse pas ceux qui existent comme l’Observatoire de la laïcité dont l’expertise rigoureuse n’avait jamais été mise en défaut.

Un outil peu connu émerge en Europe : le dialogue interconvictionnel. Il qualifie les dialogues, pratiques, institutions qui ont pour objet d’organiser la rencontre et la confrontation entre des personnes de convictions différentes, se réclamant de traditions religieuses diverses ou/et de philosophies athées. Le concept est porté par le Conseil de l’Europe et le G3I « Groupe de travail Interculturel, International et Interconvictionnel ». Son objet est d’œuvrer au développement de la citoyenneté européenne en favorisant un triple dialogue :

  • international, en particulier entre tous les peuples d’Europe,
  • interculturel entre toutes les formes de cultures - territoriales ou diasporiques -
    et
  • interconvictionnel entre les porteurs de visions du monde athées, agnostiques ou fondées sur des convictions religieuses.

La Ligue de l’Enseignement s’en est saisie à travers sa revue Diasporiques. Des associations s’y réfèrent comme Femmes pour la Paix, Coexister...Des villes s’y engagent, comme Lyon, Paris...Intérêt de ce concept ? Il échappe au corpus de doctrines, desserre le nœud de la croyance, apaise la tension, trouve sa place dans les actions collectives. Ses champs de pratique sont vastes : généralisation des débats pré-décisionnels, approche plus riche de la démocratie participative, recherche des compromis sans compromission, capacité à « débattre sans se battre ».

Anne-Marie Kervern, L’Orange Bleue, n° 125