Les événements dramatiques de l’ été 2016 (Nice, St Etienne de Rouvrais ) auront laissé des marques dans la mémoire collective, et plus encore dans les esprits sensibles de l’enfance. Passée l’insouciance des vacances, la reprise des activités n’effacera pas le spectacle désolant, les détails atroces apportés par un bombardement d’informations en recherche de sensationnel,sans considération de la variété des auditeurs et téléspectateurs.

L’expérience que mène l’UEP dans les établissements scolaires de la ville par l’exposition interactive « Objectif Paix »,montre l’intérêt porté par les élèves à travers le jeux aux événements d’actualité et leurs liaisons au vécu quotidien. Le peu de temps consacré à cette pratique est bien entendu insuffisant pour installer une véritable éducation à la paix. Faire pénétrer la notion de paix dans l’esprit des enfants est une mission de la société, et essentiellement de l’institution qui en a la délégation : l ’Ecole.

L’Ecole, parce qu’elle est le lieu privilégié de formation des futurs citoyens, parce qu’elle n’est pas épargnée par la vague de violence qui sévit dans la société, se doit d’éduquer à la paix.

Les précédentes générations ont été habituées dès l’ enfance aux réflexes de violences, aux laisser aller de nos instincts, principalement par la haine et l’esprit de vengeance ; lourd héritage pour celles à venir. Aujourd’hui, la profusion des moyens de communication accroit les risques d’emprise sur des consciences fragiles. Vaste problème pour l’ensemble des éducateurs corsetés dans la contradiction de recherche d’épanouissement de l’individu, et de son adaptation à des normes sociales au nom des prétendues valeurs d’ une éducation privilégiant la performance et l’élitisme, où l’on glorifie la réusssite lindividuelle au détriment de l’esprit de coopération.

Comment donc enseigner la Paix à l’école sans saper les bases qui sont à l’origine de l’enseignement actuel consistant à former, si ce n’est formater l’enfant , l’adolescent, alors qu’il s’agit de l’équiper pour qu’il se construise lui-même en toute lucidité ?

« En réformant la connaissance, nous nous donnons les moyens de reconnaître les aveuglements auxquels conduit l’esprit de guerre et de prévenir en partie chez les adolescents les processus qui conduisent au fanatisme. A cela il faut ajouter, l’enseignement de la compréhension d’autrui et l’enseignement à affronter l’incertitude. » Edgard Morin ( Le Monde 07-02-2016 ). Pour que l’éducation à la paix ne reste pas dans le domaine de l’utopie, s’impose l’implication de l’élève , composante essentielle du travail de l’enseignant.

Dans le contexte actuel et dans l’attente de réelles transformations, la contribution de l’UEP aussi modeste soit-elle, peut aider à la réflexion sur un sujet qui mérite, l’actualité en témoigne, une attention accrue pour la quiétude des futures générations.

Yvon Pichavant

L’Orange Bleue, numéro 102, décembre 2016