Samedi 5 mars, devant une foule de 3000 personnes, Yuliya, expatriée ukrainienne de Brest a lu ce témoignage de détresse face à la guerre.

« Bonjour !

Je m’appelle YULIYA SAVAROVSKAYA

Ma mère est biélorusse. Mon père est russe. Je suis née en Union Soviétique en 1978 à Tchernobyl.

Le 26 avril 1986, J’ai 8 ans. La maîtresse vient dans la classe disant aux enfants qui ont les parents qui travaillent à la station nucléaire de rentrer à la maison. Je ne comprends pas le mot « nucléaire », mes parents sont médecins à l’hôpital de Tchernobyl.

Les médecins, n’avaient pas le droit de quitter le territoire, tant qu’il n’y avait pas d’ordre.
Les enfants étaient regroupés dans les colonies de vacances, près de Odessa et en Crimée, pour un temps indéterminé...

Beaucoup de stresses, de détresses. Les maisons abandonnées, tous les affaires laissées. Pas le droit de prendre, même un doudou – car il était radioactif. Les maladies graves touchent petit à petit tout le monde.

1991, chute du bloque Soviétique et début de Perestroïka, l’inflation, des pénuries, des queues interminables devant les magasins presque vides.Nous sommes enfants et nous faisons la queue 3 heures pour acheter du pain... Je deviens Ukrainienne. Nous parlons tous russe.

1993, j’ai 15 ans, je viens en France, avec l’association « Les Enfants de Tchernobyl » dans une famille d’accueil à Lille, à Lambersart.
Je découvre la France.
Ces immenses supermarchés remplis de nourritures. Je découvre la culture française et la douceur des gens.

En 2009, à 31 ans, je deviens française. Ça fait 25 ans que j’habite à Brest.
Je n’ai jamais abandonné l’Ukraine, ni les miens, j’y retourne chaque été.

J’ai vu mon pays se développer d’année en année. Et là, en espace d’une semaine tout est détruit, les vies perdues.

Mon père, médecin toute sa vie, 78 ans, terré dans un appartement. Il me raconte tous les jours son quotidien :
Les magasins sont vides, fermés ; dans les pharmacies il n’y a plus rien. Les gens vivent sur des réserves.
Les russes tirent avec des chars sur des immeubles d’habitation ; Mon père s’attend au pire. Hier, l’hôpital l’a contacté pour venir faire le chirurgien !!!

Mon histoire c’est notre l’histoire à toutes celles qui sont là ; de Oksana, de Svetlana, de Larissa, de Liza..

Aujourd’hui, nous avons besoin de votre aide matériel et de votre soutien ! Les ukrainiens ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas seuls.

Tout ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui concerne l’Europe, concerne le Monde entier.
Poutine est un criminel de guerre !
Ce qu’il fait avec l’Ukraine est un génocide, sous les yeux de nous tous !
C’est la guerre entre Poutine et les ukrainiens !
Les russes sont opprimés, la plupart de russes sont obligés de se taire, mais ils ne cautionnent pas les actes de Poutine !

C’est inadmissible qu’après tout ce que nous avons vécu avec l’accident de Tchernobyl, que Poutine puisse nous menacer de l’arme nucléaire. Non aux armes nuléaires ! Non à la Terreur !

Il faut supprimer TOUTES les armes nucléaires, pour qu’elles ne tombent pas entre les mains d’un fou, comme c’est le cas d’aujourd’hui avec Poutine.

Enfin, je voudrais remercier tous les brestois, tous les bretons et les français qui sont avec nous.

Merci de tout cœur.

Vive l’Ukraine Libre et Indépendante !
Vive la France qui m’a accueillie ! »