« Heureux les épis mûrs
Et les blés moissonnés »

Pudiquement inscrits en lettres d’or derrière le monument aux morts de Brest ces deux derniers vers tirés du poême « Eve » de Charles Péguy sont la conclusion de six strophes commençant chacune par « Heureux ceux qui sont morts…. ». On connaît l’esprit va-t-en- guerre de Péguy et l’ignominie de ses attaques contre Jaurès quand ce dernier s’efforçait de mobiliser les travailleurs européens contre la guerre. Il correspondait il y a un siècle à un élan national insufflé par les tenants du pouvoir de l’époque. Il est dommage que ce siècle passé on persiste dans les discours officiels à glorifier ce qui ne fut qu’une infâme boucherie, y associant un soi-disant volontarisme des combattants. Lors des diverses commémorations le Président de la République exaltait inlassablement les « sacrifices consentis par les poilus ».

Cet état d’esprit a pu être communiqué à des enfants à qui l’on demandait en cette fin d’année 2018, sur la base d’écrits tels ces vers de Péguy « Heureux ceux qui sont morts Dans une juste guerre » de contribuer à l’effort de mémoire y intégrant en permanence l’esprit du sacifice.

Il serait temps d’enseigner aux générations à venir que la guerre n’est pas un mal fatal inévitable où nous sommes toujours la victime des autres. Les « poilus »de 14 ne se sont pas sacrifiés, ils ont été sacrifiés sur l’autel d’intérêts supérieurs. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels » disait Anatole France….

Yvon Pichavant, l’Orange Bleue, numéro 113