Souvent considérée comme geste physique, la violence peut être qualifiée de « violence directe », la « violence indirecte » ou structurelle incluant la pauvreté, l’exploitation, l’injustice sociale, est plus perfide….Peu spectaculaire il est vrai en cette période où domine l’image, elle n’en n’est pas moins fréquemment à l’origine des débordements ostensiblement évoqués dans les différents médias via les réseaux sociaux. Ces événements aussi condamnables soient-ils, réclament une analyse pondérée hors de toutes réactions spontanées, mauvaises conseillères dans de telles situations.

Les jeunes sont-ils les « nouveaux barbares » tels que l’on veut nous les présenter ?

La violence de la jeunesse n’est que le reflet de la violence de la société dans laquelle elle évolue, il est malheureux de constater que le qualificatif « milieu de violence » est souvent accolé à milieu de pauvreté, de misère. Les conséquences en sont inévitablement, la discrimination, la relégation avec toutes les cicatrices affectives qui les accompagnent ; s’engage alors le cycle infernal : exclusion, révolte, répression, accentué en cette période, au nom de la sécurité du territoire, d’un contrôle dur de l’action policière et des dérives racistes qui en découlent.

Dès leur plus jeune age les enfants sont confrontés à cette violence, soit en vision directe dans leur environnement social ou par l’emprise de la télévision-spectacle. Avant même d’atteindre l’adolescence, un enfant a déjà vu des milliers de meurtres et d’actes violents en regardant simplement le petit écran. Le maniement des armes est banalisé dans les différents jeux de plus en plus sophistiqués mis à leur disposition . Dans une imagination fertile à ces âges , la différence entre le factice et le réel s’estompe et peut aboutir à des attitudes repréhensibles.

Consciemment ou non nos sociétés modernes font l’apologie de la violence, il est dommage que face à la misère sociale qui en est pour une grande part à l’origine, la seule réponse reste la répression policière jugée plus valorisante que le maintien préventif de la sécurité.

Le traitement judiciaire de la petite délinquance ne tient pas uniquement dans la répression, la coercition . La justice insuffisamment dotée, ne peut assurer pleinement sa mission éducative, aussi L’Ecole reste-t-elle la réponse essentielle à ces problèmes de société en mettant à disposition dès le plus jeune age les moyens éducatifs appropriés. On ne le dira jamais assez que l’argent investi en ce domaine, des cours de maternelles aux sorties des lycées est la seule assurance d’un avenir sécurisant.

Yvon Pichavant

Paru dans l’Orange Bleue numéro 112