Plus de 60 morts, 2.400 blessés palestiniens en une seule journée, à Gaza, le 14 mai dernier. Comment ne pas être révoltés, indignés par un tel massacre de civils non armés ?

Israël et Tsahal pouvaient-ils faire autrement ? gérer pacifiquement cette marche désespérée « du retour » ? sans victimes ? Oui, bien sûr ! Mais les dirigeants ultranationalistes actuels d’Israël, aveuglés par leur toute puissance et leur hégémonie militaire se croient tout permis, au mépris de la morale et de l’opinion internationale. Lors des précédents bombardements disproportionnés de Gaza, Israël croyait pouvoir « justifier » ses exactions en réponse aux tirs de roquettes du Hamas. Cette fois, ce dernier a compris qu’il ne fallait surtout pas intervenir militairement. Les images d’une jeunesse palestinienne sans défense, fauchée par les tireurs israéliens embusqués, sont terribles et sur ce terrain, Israël vient de subir sa première défaite.
Mais a-t-on le droit de critiquer la politique israélienne sans passer pour un antisémite ? Non, si l’on en croit les propos de notre président, Emmanuel Macron, en 2017 aux cérémonies du 75e anniversaire de la « rafle du Vel’d’hiv’ ». (*)

En 1995, l’assassinat d’Yitzhak Rabin perpétré par les ultras, partisans du « Grand Israël », actuellement au pouvoir ruinait le dernier espoir de reconnaissance d’un état palestinien souverain.

Quel avenir pour Gaza ?

La bande de Gaza est l’un des plus grands camps de réfugiés au monde où sont concentrés plus de 2 millions de personnes sur 360km2.
Il y a 30 ans , Yitzhak Rabin prophétisait : « Je voudrais voir sombrer Gaza dans la mer, mais comme cela ne se produira pas, il faudra bien trouver une solution… ». En 2010, Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU déclarait : « Le blocus de Gaza est contre-productif, intenable et immoral ». Gaza est un volcan prêt à exploser.

Comment sortir de ce conflit ?

Conflit vieux de 70 ans qui a fini par gangréner tout le Moyen-Orient et qui menace en permanence l’équilibre politique mondial. Les populations tant palestiniennes qu’israéliennes sont résignées, meurtries, épuisées par tant d’années de souffrance et aspirent à vivre enfin en paix.

Des initiatives pacifistes de l’espoir, modestes mais courageuses, existent :

  • l’orchestre symphonique de Daniel Baremboïm (2004), composé de musiciens juifs et arabes ;
  • la Women Wage Peace (2014) mouvement pacifiste féminin intercommunautaire.
     
    Mais Israël et Gaza sont dirigés par des criminels jusqu’au-boutistes qui n’ont que faire de l’opinion ni des souffrances de leurs populations et qui les entrainent dans un conflit sanglant permanent, sans issue.

Deux états souverains ou un seul état binational ?

Le mitage systématique de la Cisjordanie, par des colonies israéliennes, a rendu, au moins dans l’esprit de ses concepteurs, impossible l’établissement d’un état palestinien indépendant et inéluctable la reconnaissance, de fait, du « Grand Israël ». Cet état binational s’appellerait « Israël ». Mais qui aurait le droit de voter ? on interdirait de vote les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ? mais pas les Palestiniens citoyens d’Israël ?

La population actuelle sur ces territoires est à peu près à l’équilibre, soit environ 6,5 millions de Juifs israéliens pour autant de Palestiniens. Mais la courbe démographique est en faveur des Palestiniens qui vont rapidement devenir majoritaire. Ils seraient alors susceptibles de prendre le pouvoir si on leur octroyait le droit de vote…

Ce rêve de « Grand Israël » n’est ni viable ni réaliste. Seule une solution à deux états souverains et indépendants, reconnus par les puissances voisines et par l’ONU, parait toujours la plus sensée. De plus, la reconnaissance d’un véritable état palestinien redonnerait, à ce peuple martyr, un peu de dignité qu’on lui bafoue tous les jours.

Statut de Jérusalem ?

Avec la provocation américaine de Trump de reconnaitre Jérusalem comme capitale de l’état d’Israël et les massacres de Gaza, la paix s’éloigne encore un peu plus. Face à ces évènements, et la mise « hors-jeu » des Etats-Unis, on aurait pu s’attendre à une vive réaction de l’Europe. Au lieu de cela : service minimum !... notre président se contentant de conseiller « un peu de retenue » aux dirigeants israéliens. Il est vrai aussi que la France, l’Allemagne et le Royaume Uni sont parmi les grands marchands d’armes mondiaux et que leurs économies ont tout intérêt à maintenir des conflits armés au Proche et au Moyen-Orient.

Jérusalem, ville sainte des trois grandes religions monothéistes mondiales, ne peut être ni la capitale exclusive d’Israël ni celle d’une Palestine reconnue. Elle devrait avoir un statut de ville « internationale » indépendante et ouverte, sous administration et protection de L’ONU.

Les réfugiés palestiniens de Gaza ne vont pas disparaitre par enchantement. On arrête temporairement des populations par des murs et par des massacres, mais ce ne sont que des solutions à court terme, vouées à l’échec et qui démontrent l’impuissance du pays qui y a recours.
Pourtant, Israéliens et Palestiniens sont condamnés à vivre ensemble, qu’ils le veuillent ou non. Combien faudra-t-il encore de générations et de morts ?... pour que la raison et la sagesse l’emportent enfin dans cette région ?

Joël Rolet ? L’Orange Bleue, numéro 110

(*) lire l’excellent livre de Dominique Vidal : « Antisionisme = Antisémitisme, Réponse à Emmanuel Macron » 2018, éditions Libertali