Le 8 février le gouvernement rendait public son projet de loi de programmation militaire 2019/2025. Pas de grandes surprises, tout ou presque avait déjà été annoncé par le prince-président lors de son discours des vœux aux armées où il avait pris soin de préciser qu’en matière notamment de dissuasion nucléaire il avait « tranché » sous-entendant qu’il n’y avait donc plus lieu de revenir là-dessus.

Dès lors, pas besoin d’être grand clerc pour prédire que ce projet sera avalisé sans grand débat par un parlement peu averti des questions de défense car entretenu, depuis plus de cinquante ans, dans un rôle subalterne de simple chambre d’enregistrement de décisions prises en ce domaine au sommet de l’Etat.

Nous dénonçons ce simulacre de démocratie !

La loi de programmation militaire définit pour les 6 ans à venir les moyens militaires que notre pays affecte à sa propre sécurité et au maintien de la paix. Les enjeux sont trop importants pour qu’un seul en décide. Les questions de défense nous concernent tous, il est indispensable que les citoyens se les réapproprient.

A cette fin, l’Université Européenne de la Paix a décidé d’organiser une réunion publique d’information sur cette nouvelle loi. Il faut que nous prenions tous conscience de la voie dangereuse du réarmement dans laquelle, répondant aux instances de l’OTAN, notre pays s’engage ; des surcoûts astronomiques que nous allons devoir supporter pour l’entretien et la modernisation d’un arsenal nucléaire inutile et dangereux (de 3,5 milliards aujourd’hui on passerait à 6 milliards d’euro par an en 2025) ; et aussi des conséquences de ces largesses budgétaires en termes de manques supplémentaires dans les budgets sociaux (santé, logement, éducation...) ou de nouvelles économies (CSG, TVA, APL...).

Même si leur rôle reste limité, nous ne pouvons non plus dédouaner les parlementaires de leurs responsabilités. Aussi dans le cadre du Collectif 29 pour l’interdiction des armes nucléaires nous avons décidé de rencontrer dans les prochaines semaines les parlementaires du Finistère. Nous leur rappellerons que voter la loi de programmation militaire et donc entériner le renouvellement et la modernisation de notre arsenal nucléaire, c’est aller à l’encontre de l’aspiration de la majorité des peuples du monde pour un monde débarrassé de l’arme nucléaire, et que surtout c’est renier la parole de la France qui, en signant en 1992 le Traité de Non Prolifération Nucléaire, s’est engagée à suivre la voie du désarmement nucléaire.

Et puis, cette dissuasion nucléaire, ce chantage assumé à la mort par millions de populations civiles, pour le pays des Droits de l’Homme, quel exemple désastreux !

Refuser le fait du prince est un impératif démocratique auquel, par ces actions, l’UEP entend contribuer.

Roland de Penanros, dans l’Orange Bleue, numéro 108

Une réunion publique animée par Jean-Marie Collin, co-président de Initiative Désarmement Nucléaire se tiendra le Jeudi 5 Avril de 18h00 à 20h00 à la Faculté Victor Ségalen à Brest