"La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence." (Gandhi)

Jusqu’à présent "nos sociétés ont honoré la violence en l’associant à quantité de valeurs et de vertus : le courage, l’audace, le sacrifice, le risque, la virilité, la noblesse, l’honneur. En sorte que dans notre conscience, et plus encore dans notre subconscient, la violence apparaît elle-même comme une valeur et une vertu dont la non-violence serait la négation et le reniement" (Jean-Marie Muller).

Climat, guerres, famines, dictatures, domination des puissances d’argent, injustices mettent la planète en danger. La violence est au cœur des débats qui agitent nos sociétés, elle y est, instrumentalisée dans un but d’asservissement. Au plus près de nous, agressions verbales, physiques, psychologiques, se manifestent en milieu scolaire, dans les familles, les institutions…Elles trouvent leurs sources dans la marginalisation, le mépris, les préjugés, les dogmes discriminants, les ségrégations, la dévalorisation de soi…

Alors que faire ?

D’abord délégitimer la violence : celle de l’agresseur et celle de l’agressé qui, pour être nécessaire faute de mieux, n’en devient pas pour autant légitime, ne plus confondre nécessité et légitimité et sortir de l’idéologie qui justifie les violences, rendant celles de demain imaginables, justifiables par avance, et finalement inévitables. En effet, si la violence est légitime, elle devient un droit et chacun pourra s’appuyer sur ce droit pour y recourir chaque fois que ses intérêts sont en jeu...

Ensuite choisir la non-violence comme moyen d’action citoyenne fondé sur le respect : la non-violence n’est pas l’évitement du conflit, c’est un combat, une force trop souvent négligée.

Enfin, se demander quelle société nous voulons construire : une société où l’Etat, selon le mot de Max Weber, aurait le monopole de la violence légitime sur son territoire ? Un Etat qui privilégie dans ses budgets des armes de mort au détriment de la santé, de l’éducation, de la culture ? Ou une société qui ne soit plus basée sur des valeurs de compétition, de domination mais sur des valeurs de solidarité, de partage, d’entraide et de coopération, de bienveillance, de respect. Même si les moyens d’action non-violents ne permettent pas d’assurer une victoire certaine de la justice, ils permettent au moins de préserver l’avenir.

"Les moyens ne servent pas une fin, ils la créent. Ils sont la fin en train de naître."
Université de Paix – Namur

Fanch Hénaff & Anne-Marie Kervern