La violence pourrit le sport. Le football en particulier est affecté par des jets de projectiles dans les stades, des rixes ...La victoire du match de ligue 1, ternie par des supporters brestois proférant des insultes homophobes à l’encontre des Lorientais, a retenu notre attention.

Qui sont ces supporters ? Ronan, de la mouvance ultra, est une sorte de super fan. « On est en association pour clamer notre amour du Stade brestois auquel on s’identifie, on organise des déplacements, on anime la tribune avec des actions pyrotechniques, visuelles, des messages, des chants, on a aussi des actions de solidarité...Il arrive que cette passion identitaire dérape dans 5% des cas, pas plus : il nous est arrivé d’envahir la pelouse, de nous confronter avec les ultras d’en face, de subir des embuscades avec affrontement physique, des caillassages de bus, de voler du matériel « ennemi »...Oui, admet-il, « la violence viriliste qui fait partie de la culture ultra est en augmentation ». Mais il modère : « elle a au moins le mérite de rester « de niche » parce qu’elle ne touche pas le reste de l’environnement (le voisinage, les familles, les supporters classiques). Dans son collimateur, « les autorités, surtout les instances parisiennes de plus en plus répressives, l’encadrement des déplacements, l’interdiction de porter le symbole de son club, l’interdiction d’afficher ses convictions comme s’attaquer à la mafia de la Ligue de foot professionnel... ».

Il y a matière à méditer sur l’expression « viriliste » et la « défense de l’identité » qui, dans
toute l’Europe, chaque WE, transforme les matchs en confrontations de supporters. Le changement rapide de civilisation, le désir d’une communauté, l’aspiration à la reconnaissance, la peur de l’uniformisation liée à la mondialisation ont quelque chose à y voir, mais surtout le désir d’être acteur et les limites d’une logique d’intégration à la société offrant peu de perspectives ou de prestige social. La répression en cours ne peut être la réponse face à une contre culture de l’ostentation qui tente d’inverser la hiérarchie sociale en brisant les règles de l’autocontrôle.

Commençons par mettre en cause le règne du fric dans le foot. Sinon, face à un modèle où les droits télévisuels rapportent plus que la billetterie, la politique d’image des clubs pour gagner des télespectateurs aura toujours besoin de supporters radicaux : Et qu’est ce qui fait de l’image autant que la violence ?

Anne-Marie Kervern, l’Orange Bleue, n° 137