Le 7 juillet 2017 à l’ONU, 122 États sur les 193 membres de l’ONU adoptent le Traité pour l’Interdiction des Armes Nucléaires (le TIAN).

Il faut qu’il soit ratifié par 50 membres pour qu’il rentre en application. Selon l’ONU, à la date du 15 octobre 2020, 47 États ont ratifié ce traité et pas moins de 6 pays dont l’Algérie vont bientôt le ratifier.

Les 50 ratifications devraient être obtenues dans les mois ou même les semaines à venir. Le Le traité deviendra alors applicable 90 jours après la cinquantième ratification.

Et la France dans tout ça ?

Emmanuel Macron, dans son discours du 7 février 2020, a voulu clore le débat :« La France n’adhérera pas à un traité d’interdiction des armes nucléaires. Ce traité ne créera aucune obligation nouvelle pour la France, ni pour l’État, ni pour les acteurs publics ou privés sur son territoire. » Certes d’un point de vue juridique il a raison : seuls les États qui ont ratifié le Traité en sont juridiquement dépendants. Cependant notre président oublie plusieurs points dont il risque de ne pas sortir indemne, car il va :

  • se heurter à la pression morale de l’ensemble de la communauté internationale. L’effet stigmatisant du TIAN risque de renforcer l’isolement de la France, certaines opinions publiques (Allemagne, Scandinavie) étant très opposées aux armes nucléaires.
  • mettre fin à son rêve de mettre notre arsenal nucléaire au service de la défense européenne parce que 3 pays européens ont ratifié ce traité : l’Autriche, l’Irlande et Malte.
  • devoir faire face à l’opinion publique de notre pays qui est majoritairement contre l’arme nucléaire. C’était vrai avant la ratification, cela sera encore plus vrai après si nous savons en profiter pour informer nos concitoyen(ne)s.

Et puis la très virulente opposition des États possédant des armes nucléaires au processus d’interdiction montrent qu’eux-même sont très inquiets des impacts potentiels de ce traité sur leurs pratiques.
Et puis d’autres campagnes de désarmement ayant eu pour but la stigmatisation d’une catégorie d’arme ont montré leur efficacité par exemple pour les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions. Aujourd’hui, des États n’ayant pas signé les traités interdisant ces armes se refusent quand même à les utiliser pour ne pas subir l’opprobre international.

Alors oui il faut que le TIAN soit ratifié par notre pays aussi.

Fanch Hénaff
L’Orange Bleue, n° 121