Eduquer à la paix, mener des enfants vers cet état défini par l’un d’eux " vivre en paix, c’est vivre tranquille", bel objectif que se fixe notre petite équipe de bénévoles de l’UEP à travers des étapes/parcours explicites démontrant que la paix, ça se prépare et qu’il est plus facile de trouver des insultes que des compliments à faire aux autres... là, soudain, les mots manquent alors que tout mot peut devenir insulte selon l’intonation donnée.

A travers l’observation que nous sommes "tous pareils, tous différents" et que nous avons tous les mêmes émotions mais que nos perceptions viennent souvent nous tromper, les enfants apprennent à distinguer une opinion d’un préjugé, source de beaucoup d’incompréhension et de conflits.

Leur parole libérée pendant les 4 parcours grâce à nos oreilles attentives d’adultes, ouvre la voie (la voix aussi) aux confidences ( parfois dans les larmes retenues avec peine) et au dialogue en vue de la résolution ou l’ébauche de résolution de souffrances tues et cachées jusque-là. Les enfants prennent conscience que souffrir en société n’est ni "normal" ni acceptable : Une victime de harcèlement ne doit pas taire sa souffrance d’où qu’elle vienne : école, famille, club de sport etc. Parler c’est déjà dire stop à ceux qui se croient tout-puissants et qui exigent des choses qui ne visent qu’à leur propre satisfaction. Différence majeure avec l’autorité, que les enfants comprennent bien..

Tout celà, ils et elles l’intègrent vite car la plupart sont déjà bien préparés à accueillir ces précisions par les professeures des écoles attentives et soucieuses de faire régner un climat de paix, d’entraide, de respect mutuel dans leurs classes." Si tu veux la paix, prépare la paix" et aussi "si tu veux la paix, parle de tout ce qui t’en écarte, t’ empêche car "chaque personne est unique, précieuse, irremplaçable".

L’enthousiasme, les sourires des enfants à nous retrouver confirment le commentaire de la maîtresse : "ah ! ils étaient heureux de savoir que vous reveniez aujourd’hui !". Petits cadeaux de dessins, confidences murmurées, remarque d’une petite timide "j’adore quand on peut parler des émotions" mais aussi cet enfant agité, ne tenant pas sur sa chaise à l’annonce du parcours 3 " insultes et moqueries" car harcelé et qui, après que des mots aient été placés sur ses maux, s’apaise et nous dit qu’il est content... et encore tel autre, gêné d’entendre qu’une personne qui harcèle cache probablement une souffrance personnelle qu’il garde pour lui... Enthousiasme et moments pleins de vie que nous avons la satisfaction de partager le temps de ces échanges enrichissants de part et d’autre.

Madeleine Gourvénec

LA PAIX C’EST VIVRE TRANQUILLE

C’était mon premier jour d’intervention dans les écoles. Les élèves entouraient Joël au tableau, chacun prenant plaisir à décrire son visage ; l’un d’eux se regardait, ravi, dans un petit miroir, comme s’il se voyait pour la première fois ! Tout ce petit monde échangeait gentiment, heureux de se sentir soudain intéressant, voire même important dans ce premier pas de la démarche du Parcours « tous pareils , tous différents » !

Quelques retardataires très soucieux de connaître leur taille voulaient absolument aller se mesurer. Seul un petit garçon était resté à sa table et semblait dessiner, d’un air que je crois d’abord indifférent. En m’approchant je m’aperçois qu’il avait recopié et colorié, sur son livret, notre devise « si tu veux la paix, prépare la paix" et qu’il mettait la dernière main à une superbe illustration de feuilles et fleurs entrelacées.

  • Elle te plaît cette devise ?
  • oui
  • Tu la comprends ?
  • oui
  •  « alors, dis moi Enzo°, qu’est ce que c’est pour toi la paix ? »

Le regard franc de l’enfant se lève, et sa réponse fuse rapide, sincère et spontanée : « ben, la paix c’est vivre tranquille ! »

En avril 1997, lors du débat organisé à Brest à l’initiative de l’UEP ,dans le cadre de la quinzaine de l’enfance, Mirta Lourenco déléguée de L’UNESCO ne disait pas autre chose : « la paix ne doit plus se définir en terme d’absence de guerre, mais de manière positive à travers le respect de la justice sociale, des droits de l’homme, des conditions d’une vie digne. »(O.B n° 8 juin juillet 97)

Notre petit philosophe en herbe avait tout compris !

Nous sommes parfois surpris au cours de nos interventions dans les classes, par la gravité, la maturité , la justesse d’ appréciations ou jugements émis par certains enfants, avec grand naturel et mots tout simples.

° prénom d’emprunt

Nicole de Penanros