L’Observatoire des réalités sociales, économiques et politiques du diocèse de Quimper lance un débat sur la dissuasion nucléaire

Cet observatoire a une activité de veille. Ses experts alertent les catholiques du département sur les sujets d’actualité et proposent des journées de rencontres. C’est dans ce cadre qu’un débat a été organisé le 29 avril sur la dissuasion nucléaire (« Quel regard chétien sur la dissuasion ? »), alors que la guerre en Ukraine réveille la menace d’une guerre nucléaire et que le Pape François lance, une fois de plus, une alerte sur les questions morales que soulèvent les armes nucléaires. Une cinquantaine de participants - très peu de femmes – informés par les bulletins paroissiaux, se sont déplacés à Chateaulin pour débattre.
L’UEP a lancé le sujet avec le film « Guerre froide – l’homme qui sauva le monde », l’histoire du colonel Petrov qui refusa d’appliquer le protocole alors que celui-ci impliquait une riposte nucléaire immédiate aux missiles US détectés par le système informatique de l’armée soviétique. Puis les participants ont exprimé tour à tour leurs doutes, leurs inquiétudes, leurs convictions, leur confiance, quasi absolue pour les uns, mitigée pour les autres, ou leur défiance à l’égard d’une sécurité fondée sur l’équilibre de la terreur, du refus de l’emploi en premier de l’arme nucléaire et de la fiabilité de la chaîne décisionnelle.

Enfin, le point de vue de l’Église fut apporté par un ecclesiastique de diocèse qui fit un inventaire presque exhaustif des déclarations du Vatican, de cardinaux et d’évêques depuis le début des années 50 : une bonne trentaine de déclarations qui montrent l’évolution de la doctrine du Saint-Siège sur ce sujet. Pendant la guerre froide, la condamnation des armes était assortie d’une forme de légitimité de la dissuasion, provisoirement tolérée. Depuis 1992, la condamnation est sans appel : « Le moment est venu d’affirmer, non plus seulement l’immoralité de l’usage des armes nucléaires, mais aussi l’immoralité de leur possession, en ouvrant ainsi la voie à leur abolition ». Pour le Pape François, la dissuasion nucléaire est « funeste » et « fallacieuse ». Elle est une « fausse sécurité » qui envenime les relations entre les peuples. Au moment du café, quelqu’un cita l’Evangile de Luc : « S’ils se taisent, on entendra crier les pierres ».

Saluons cette initiative du diocèse car la priorité est de faire vivre le débat afin de casser le faux consensus imposé depuis 50 ans.

Anne-Marie Kervern, l’Orange Bleue, numéro 134