Claude SERFATI a publié aux éditions Amsterdam « Le militaire, une histoire française ».

De la lecture de cet ouvrage très accessible j’ai voulu retenir surtout dans l’histoire la plus récente de 1945 à nos jours les processus mis en œuvre pour insérer le « militaire » dans la société avec en particulier les super pouvoirs presque sans contrôle du chef de l’État ce qui est une exception bien française ; mais aussi les aspects industriels avec une volonté ferme d’avoir des leaders dans les principaux segments y compris de nos jours dans le renseignement, la maitrise des conflits sociaux, la formation des personnels. Les guerres conduites en Afrique et au Moyen-Orient sont autant des terrains d’entrainements et de démonstrations que des manifestations de force dans l’intérêt bien compris des groupes industriels français.
Mais un secteur a une place particulière : le nucléaire. Le nucléaire civil a eu le rôle de leurre, cette aventure a commencé après 1945 dans le plus grand secret du moins pour les citoyens ordinaires. Depuis, que ce soit à des fins de production civile d’électricité ou à des fins militaires de dissuasion, pour la défense de nos approvisionnements d’uranium en Afrique (AREVA) ou la gestion des déchets (Bure et la Hague), l’industrie nucléaire fait partie de notre quotidien.

L’auteur fait remarquer que sous tous ses aspects le militaire est hors de la sacro sainte loi du marché chère à nos politiques libéraux. Les marges bénéficiaires y sont très confortables. Depuis la transformation des arsenaux publics en sociétés, les activités d’étude et de maintenance des bâtiments sont devenues aussi des centres de profits. Les reconversions vers le civil de telles entités seraient problématiques tant la culture d’entreprise leur est spécifique.

Michel Voisset