Clément Méric
Il y a dix ans, à Paris, le 5 juin 2013, le jeune militant syndicaliste et antifasciste, de 18 ans, Clément Méric, mourait, pour ses idées, sous les coups de skinheads d’extrême droite. Les deux assassins étaient membres du groupuscule fasciste « Troisième Voie », mouvement créé par un certain Serge Ayoub.
Clément Méric est né à Brest et y a fait ses études au Lycée de l’Harteloire. Ses parents étaient alors enseignants à l’UBO à Brest. Elève brillant, il obtient son Bac S avec mention TB.
En 2018, lors du procès des tueurs, son ancienne professeure d’histoire-géographie au lycée de l’Harteloire témoignait et parlait d’un élève avec une grande « vivacité d’esprit » et une « volonté de comprendre » ; il était venu la trouver dès le premier cours pour préparer son entrée à Sciences-Po Paris.
Il y a quelques jours, des militants anti-fa, à l’occasion de la venue d’Éric Zemmour à Brest, viennent de tomber dans le piège de la violence en causant des dégradations à l’Hôtel Océania. Ce polémiste aux idées xénophobes nauséabondes en ressort avec une image de victime de l’intolérance d’extrême gauche qui a tenté de l’empêcher de chouchouter son fan-club. Tout cela avec la bienveillance suspecte des pouvoirs publics.
Ça n’est pas à la personne physique d’Éric Zemmour qu’il faut s’en prendre, mais ce sont ses idées, ses propos et sa stratégie qu’il faut combattre. Ses idées (simplistes) : « La France aux Français », « Les étrangers, dehors ! » sont celles de l’extrême droite traditionnelle, celles du RN et sont actuellement reprises et recyclées par la droite républicaine française. Cette banalisation de l’exclusion progresse dans les esprits, en France et en Europe, dans un climat mondial de difficultés économiques, sociales, démographiques et écologiques.
Face à ces réponses primaires, à ces solutions simplistes d’exclusion de tout ce qui est « l’autre », ce sont des arguments de paix, de bienveillance, de non-violence qu’il faut développer, qu’il faut répéter, qu’il faut transmettre.
En mémoire de Clément Méric c’est à l’intelligence de l’Homme qu’il faut s’adresser, pas à son cerveau reptilien.

Joel Rolet, L’Orange Bleue numéro 134
21 juin 2023