Le délicieux langage militaire, abondamment relayé par les médias , nous gratifie d’expressions choisies destinées à minimiser les effets des diverses actions meurtrières . Il en est ainsi des « frappes chirurgicales » entraînant pourtant malgré cette précision médicale des « dommages collatéraux » qui se traduisent inévitablement par des milliers de victimes.
Que le mot « guerre » est difficile à prononcer !…
Pour conduire une telle stratégie il fallait vulgariser un vocabulaire : les sous-marins nucléaires gardent leurs appellations vindicatives – Téméraire, Triomphant,Terrible – mais, consolation, ils portent désormais dans leurs flancs des « missiles de croisière »…..Le rêve, découvrir des contrées exotiques sur un missile !…. Mururoa, la Polynésie….
Missile de croisière…. Ainsi nommé car il vole dans l’atmosphère contrairement au balistique qui opère en dehors de l’atmosphère. Cette note technique précisée, on peut se poser la question : quel esprit de génie a pu avoir cette idée saugrenue d’associer deux qualificatifs aussi antinomiques dans la désignation d’une arme létale ? Associer mort et plaisir pourrait relever d’un humour macabre, si un tel engin n’était pas né dans un milieu où l’humour n’est pas monnaie courante.
Triste référence, le premier missile de croisière était lancé par les Allemands durant la dernière guerre…. C’était le V1.

Yvon Pichavant, L’Orange Bleue n° 137