Via les grands canaux médiatiques, la logique de guerre s’installe dans les esprits. Difficile dans un tel contexte de faire entendre la musique de la paix, tant nos combats vont à contre-courant de l’opinion du moment.

Abolition des armes nucléaires.

Combien de fois entendu : »si l’Ukraine avait gardé ses armes nucléaires jamais la Russie ne l’aurait attaquée » ? Cela reste à prouver ... mais admettons. Alors dans ce cas, si c’est la garantie suprême de leur sécurité, comment et de quel droit pourrait-on empêcher demain de nouveaux Etats de se doter de l’arme nucléaire (Taïwan, la Corée du Sud, le Japon, l’Arabie Saoudite, etc...) ? Avec le risque décuplé que des conflits de voisinage ne dégénèrent en cataclysme nucléaire.
Non, il n’y a pas d’alternative, seul le renoncement à l’arme nucléaire par tous – les Etats qui en sont dotés et ceux qui ne l’ont pas - peut nous préserver de ce scénario catastrophe.

Suppression de l’OTAN

L’OTAN apparaît aujourd’hui comme un rempart face aux visées expansionnistes russes. Et on peut comprendre la volonté de pays voisins de la Russie d’y adhérer. Il n’empêche, et l’histoire d’après-guerre l’a montré, que derrière des objectifs affichés de maintien de la paix et de sécurité des peuples, toute alliance militaire montée autour d’une grande puissance (Etats Unis pour l’OTAN, Russie pour le Pacte de Varsovie) défend d’abord ses propres intérêts quitte à provoquer elle même des conflits.
Bien commun de l’Humanité, la paix ne peut se gérer qu’au niveau planétaire. Seule l’alliance de tous les pays du monde réunis au sein de l’ONU est capable de défendre l’intérêt général de paix et d’amitié entre les peuples, au besoin par le recours à des forces qui lui soient propres.

Désarmement

La demande ukrainienne d’armes est parfaitement légitime. Faut-il pour cela mêler nos voix à celles des va-t-en-guerre qui ne croient qu’en la force et qui poussent aujourd’hui au surarmement, alors que nous restons convaincus que pour la paix, les armes sont le problème et non la solution ?
Ne devons-nous pas au contraire continuer à plaider pour qu’à l’instar du monopole de la violence légitime conféré à l’Etat en matière de maintien de l’ordre intérieur (à l’exception notoire des Etats-Unis et on en connaît les dégats !), un tel monopole soit reconnu à l’ONU pour le maintien de l’ordre au plan international ?

Désarmer les Etats au profit de l’ONU , c’est pour le monde moins de conflits et de moindre intensité et pour chaque Etat plus de moyens pour s’attaquer aux sources premières de l’insécurité, et d’abord au réchauffement climatique. Une menace existentielle dont bien peu d’Etats aujourd’hui se soucient qui préfèrent dilapider des sommes faramineuses (plus de 2 000 milliards d’euro en 2022) en dépenses militaires !
Inconséquence criminelle des Etats... à quelques exceptions près : le Costa Rica, le pays sans armée, et le Bhoutan, le pays du Bonheur National Brut, bonheur mesuré à l’aune du mieux être et non du plus avoir de ses habitants. Distingués régulièrement pour leur engagement pour la planète, Costa Rica, Bhoutan, deux exemples à méditer.

Roland de Penanros, Edito de l’Orange Bleue, n° 131