Benjamin Stora a remis à Emmanuel Macron, le 20 janvier 2021, le rapport qu’il a rédigé à sa demande pour apaiser les tensions nées de la guerre d’Algérie. Abdelmadjik Chikhi, directeur des archives, mène une réflexion semblable en Algérie. Au lieu d’une démarche de repentance et d’excuses, qui aurait provoqué de nouvelles polémiques, l’historien français a choisi de faire un travail de reconnaissance et de vérité, passant par des actes.

Il prône la constitution d’une Commission « Mémoire et vérité », chargée d’impulser des initiatives communes entre les deux pays. Il préconise la publication d’un guide des disparus algériens et français de la guerre ; la création d’une commission mixte d’historiens français et algériens sur les assassinats d’Européens à Oran en juillet 1962 ; d’établir la liste des Algériens irradiés lors des essais nucléaires entre 1960 et 1966 et de ceux qui ont été tués ou blessés par les mines.

Soucieux d’actes symboliques, il suggère la construction d’une stèle à Amboise en hommage à l’émir Abd El-Kader ; la reconnaissance de l’assassinat par la France de l’avocat Ali Boumendjel en 1957 ; l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, fervent opposante au système colonial ; la restitution à l’Algérie du célèbre canon « Baba Merzoug », trophée de guerre expédié à Brest en juillet 1830.

Benjamin Stora attend aussi des gestes d’Alger : la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ; la facilitation des déplacements des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie ; la constitution d’un fond d’archives communes pour les chercheurs ; la mise en place d’un Office Franco-Algérien de la jeunesse pour aider les jeunes créateurs. L’enseignement de l’histoire de l’Algérie serait à développer pour l’ensemble des élèves des lycées en France.

A la 4acg (Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), nous nous reconnaissons dans ce rapport de Benjamin Stora. C’est par des actes concrets ( versement de notre pension d’anciens combattants pour le soutien d’associations algériennes ; publication d’un livre de témoignages d’anciens appelés,d’anciens combattants FLN, de harkis, de pieds-noirs ; interventions à plusieurs voix dans les lycées...) que nous contribuons pour notre part à la réconciliation entre la France et l’Algérie.

Jean Miossec- 4 ACG, l’Orange Bleue n° 123

  • Dans un prochain numéro de l’OB nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet essentiel dans l’histoire de notre pays.