Mieux que tout discours, le dessin reste la meilleure expression de nos sentiments face au ridicule des polémiques qui ont alimenté les "unes" des médias cet été...

Suite aux vives polémiques qu’ont suscitées les caricatures du Prophète dans le journal danois Jyllands-Posten et aux fatwas lancées contre les caricaturistes, il devenait indispensable de réfléchir au rôle journalistique des dessinateurs de presse et à leur responsabilité vis à vis des lecteurs. Une rencontre fondatrice est alors organisée le 16 octobre 2006 à New York : Koffi Annan et Plantu réunissent 12 dessinateurs internationaux autour d’un colloque intitulé "Désapprendre l’intolérance, dessiner pour la paix".

La mission éducative est au centre des activités de l’association "Cartooning for peace", elle propose dès 2013 des expositions itinérantes aux établissements scolaires avec le soutien de partenaires investis. Elle vise à sensibiliser les élèves aux enjeux de la liberté d’expression. Inscrite dans la déclaration universelle des droits de l’homme, elle doit rester un droit inaliénable, un bastion avancé de la liberté.

Le dessin de presse, cet art éphémère, consiste à illustrer l’actualité au travers d’une approche parfois figurative., mais le plus souvent satirique, de manière à susciter une réaction chez le lecteur. Certains transgressent les tabous et flirtent au quotidien avec la censure. Un dessinateur ne s’exprime pas pour être complaisant, mais plutôt pour alimenter une réflexion, un débat, un sujet de société. Le dessin dérangera certains et ne fera pas forcément rire. Par ailleurs le rire a des ennemis qui voudraient qu’il soit limité par la loi.

La justice a débouté des assignations contre Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures en rappelant que le blasphème n’était pas interdit en France.

Le journal verra cependant en 2011 ses locaux détruits par un incendie volontaire et le 7 janvier 2015, 11 personnes seront assassinées au siège du journal satirique dont les dessinateurs Cabu, Charb, Wolinski. Le retentissement de ce terrible attentat sera mondial et plus de 4 millions de personnes ont participé à la marche républicaine sur l’ensemble de l’hexagone.

L’enjeu citoyen aujourd’hui est de faire comprendre que le droit de rire de tout, même des pratiques religieuses, ne se confond pas avec le droit d’inciter à la haine raciale ou au négationnisme.

Rassemblés autour du combat pour la paix et de la lutte contre toutes formes de discriminations, le Patronage Laïque Municipal de la Cavale Blanche et l’UEP organisent une exposition du 31 octobre au 12 novembre dans les locaux du PLMCB afin de diffuser sur le territoire de Brest nos valeurs communes.

Pierre Le Gat
Orange Bleue, numéro 101, octobre 2016