Annie Déan, formatrice et militante du MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente) a animé une soirée débat sur la non-violence dans le cadre du 30 ième anniversaire de l’UEP.

Elle a précisé ce que signifie la non-violence. Le contraire de la non-violence ce n’est pas la violence, c’est la lâcheté, la soumission, la résignation. Il s’agit de réconcilier l’exigence morale et l’efficacité, tout en faisant preuve de détermination, de force, de contrainte, de non collaboration avec l’injustice.

La force ne se confond pas avec la violence car il ne s’agit ni d’humilier, ni d’opprimer, ni de blesser ou tuer. Il s’agit de se dresser avec détermination contre l’abus de force de l’adversaire.

La non-violence ne refuse pas le conflit car le conflit fait partie de la vie, mais nos sociétés privilégient trop souvent la violence pour le résoudre. Le débat démocratique et la pression du nombre peuvent souvent résoudre un conflit.

L’agressivité est aussi une vertu du non-violent à condition de ne pas la confondre avec l’agression. L’agressivité c’est accepter le conflit sans se soumettre à la loi de l’autre, surtout si elle est injuste

La violence est toujours fascinante et spectaculaire. Mais elle attire et justifie la répression en disqualifiant et criminalisant les militants et surtout elle les isole de l’opinion publique car elle fait peur. Et donc elle conforte l’ordre injuste en place.

Pour devenir une force puissante, la non-violence exige une formation pour utiliser les techniques de l’action non-violente et apprendre à maîtriser peur et colère. Elle deviendra efficace si elle est collective et organisée.

Les moyens de l’action non-violente sont nombreux : manifestations, grèves, marches, pétitions, boycotts… Gene Sharp dans son livre "De la dictature à la démocratie" en dénombre plus d’une centaine.

Il y a bien sûr la désobéissance civile. La loi mérite notre obéissance tant qu’elle applique la justice pour tous. La désobéissance civile a pour but de changer la loi injuste. Henri David Thoreau le disait déjà au XIXème : "Si, de par sa nature, la machine gouvernementale veut faire de nous les instruments de l’injustice envers notre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi."

Dans le livre "Pouvoir de la non-violence" (chez Calmann Lévy) les deux autrices montrent que les campagnes de résistance non-violentes sont presque deux fois plus susceptibles d’atteindre leurs objectifs, totalement ou en partie, que la résistance violente, et qu’elles offrent une bien meilleure garantie d’un avenir démocratique.

"Soyons le monde que nous voulons voir arriver" Gandhi

Fanch Hénaff, l’Orange Bleue, n° 127