Nous apprenons petit à petit et sans toujours convaincre le commun des mortels que militer pour une réduction des gaz à effet de serre des forces armées constitue un moyen de s’engager en faveur de la paix. Certes, ce n’est pas évident. Mais enfin, le moment est venu de comprendre que la défense n’est plus ce qu’elle était. Alors que le monde militaire a été confiné dans son pré-carré depuis la disparition du service militaire, alors qu’il tente de s’infiltrer dans la société civile via l’enseignement et une stratégie de marketing qui fait de l’ombre à ‘Pôle Emploi’, la défense de notre planète n’est plus une affaire qui incombe aux militaires et à eux seuls. Ceci se vérifie partout. La ministre équatorienne de la défense expliquait (de passage à Paris en novembre 2013) « Nous sommes en train de travailler sur une nouvelle façon de considérer la défense comme un bien public. C’est une responsabilité de la société civile et pas seulement des forces armées, ». « L’un de nos principes » déclara-t-elle , consiste à « considérer la souveraineté au-delà de la protection physique et administrative du territoire, mais comme le droit et le devoir du peuple équatorien de prendre ses affaires en mains, en rapport avec l’intérêt commun et le bien commun ». Bref, « notre défense c’est aussi le concept de la souveraineté, de l’autodétermination, et cela implique notre souveraineté à la fois sur les plans alimentaire, énergétique, écologique ». (Maria Fernanda Espinosa, 5 novembre 2013). Elle a ensuite dirigé la délégation équatorienne lors de la COP21, avant d’être élue le 5 juin 2018 présidente de l’Assemblée générale de l’ONU.

Ainsi, plutôt que de nous contenter de commémorer de vieilles batailles, plutôt que de se fier à nos rétroviseurs, regardons vers l’avenir. Y compris l’avenir d’Ile Longue lorsque la Marine, pour des motifs qui nous dépassent, aura déserté la zone et restitué ces terres à ceux et celles qui l’habitaient avant les années 60.
 
Ben Cramer

Brest, 21 septembre 2019

L’Orange Bleue, n° 116
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