Ancien secrétaire général charismatique de l’ONU de 1997 à 2006, prix Nobel de la Paix en 2001, Kofi Annan nous a quitté cet été (18 aout 2018), quelques journaux lui ont consacré des articles « hommage », mais dans une grande discrétion, voire indifférence… Il est vrai que des hommes qui consacrent leur vie à œuvrer pour la paix dans le monde sont moins « sexys » que des petits chefs au discours populiste.

Premier secrétaire de l’ONU, d’origine africaine (Ghana), à l’issue d’une carrière diplomatique consacrée à la paix au sein des Nations Unis, où il occupera différentes fonctions à partir de 1987. On lui reprochera, et il se le reprochait lui-même, de ne pas avoir réussi à empêcher les massacres du Rwanda en 1994, l’invasion de l’Irak décidée par G. Bush-fils en 2003, ni la guerre des Balkans et l’intervention trop tardive au Darfour. Mais, que pouvait faire un petit secrétaire général face à la puissance militaire d’un pays qui prétend diriger le monde, si ce n’est rappeler le droit et la morale. « Colombe au milieu des faucons », ses combats acharnés contre les « va-t-en-guerre » de tout poil vont donner les lettres de noblesse à l’organisation internationale et permettre quelques succès tels que l’arrêt de la 2e guerre civile en République Démocratique du Congo et le règlement du conflit frontalier Cameroun-Nigeria en 2008.

L’ONU est-elle condamnée à l’immobilité et à l’impuissance ? Certes, le droit de véto des 5 membres permanents du conseil de sécurité torpillent toutes velléités d’intervention efficace. Pourtant les actions de l’ONU ne sont pas toutes systématiquement vouées à l’échec. L’assemblée générale a réussi à faire reconnaitre la Palestine comme « observateur », la cour internationale de justice juge des criminels de guerre et les actions de maintien de la paix et d’observation des casques bleus sur différentes zones de conflits limitent les exactions à l’encontre des populations civiles.

Elle n’est pas parfaite, elle pourrait faire plus, mieux… mais elle existe ! A nous de convaincre nos dirigeants d’œuvrer à renforcer son rôle et ses pouvoirs.

Kofi Annan n’avait pas baissé les bras, en 2017 il est à la tête d’une commission de l’ONU sur les droits des Rohingyas, il dénonce la « démission » des dirigeants mondiaux actuels et fustige les Etats Unis pour la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.
A l’heure où les dictateurs et les chefs de guerre se multiplient à travers le monde, cette grande voie de la sagesse va beaucoup manquer aux artisans de la paix que nous sommes.

Joël ROLET, l’Orange Bleue, numéro 111