MONSIEUR PATY ET MONSIEUR BERNARD
Victimes du fanatisme et de la bêtise, les noms de ces deux enseignants, morts pour la République, sont désormais indissociables. La dérive sanguinaire mondiale actuelle, guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien, déplacements massifs de populations civiles, émigrations, créée un climat généralisé de violence mais qui ne peut en aucun cas être une excuse, un justificatif à une telle barbarie.
L’assassinat de Monsieur Paty, il y a 3 ans, avait été perpétré suite à une cabale montée sur les « réseaux a-sociaux » au prétexte infondé de blasphème. Rappelons que le blasphème n’existe que dans le cadre strict d’une religion et n’existe pas dans une société laïque comme l’est notre République. Il y a quelques jours, Monsieur Bernard vient d’être assassiné uniquement car il est enseignant et par un ancien élève de son établissement. Les masques tombent, ce ne sont pas les caricatures qui dérangent ces fascistes islamiques, ces « fous d’Allah », mais c’est notre école.
Croire en un dieu n’autorise pas à tuer. Tuer au nom d’un dieu, qu’il s’appelle Jéhovah, Jésus, Allah, Brahma, Vishnou,… reste un crime, un acte de barbarie, summum de l’intolérance et du fanatisme. Mais c’est aussi un aveu d’impuissance ; impuissance à accepter que mon voisin ne pense pas comme moi, vit différemment de moi.
La laïcité n’est pas un outil contre les religions, ou contre une religion particulière comme le souhaiteraient le RN et d’autres politiciens « bien-pensants ». Au contraire, la laïcité protège les croyants et les incroyants, les différents modes de pensée, philosophies, minorités. C’est la seule voix du « vivre ensemble », de la tolérance, de la bienveillance. Il faut que les religions apprennent la laïcité, il en va de la survie de l’espèce humaine.
Nos enseignants paraissent bien seuls face à cette violence qui s’insinue dans nos sociétés. Dénoncer est indispensable, mais agir est encore mieux. C’est pour cela qu’avec ses modestes moyens, l’Université Européenne de la Paix intervient depuis près de 10 ans dans les écoles primaires brestoises. Notre parcours « Objectif Paix » permet d’ouvrir le débat sur faits et opinions, conflits, harcèlement, toute puissance, avec les élèves de CM1-CM2. Ces interventions ne semblent pas totalement inutiles puisque souvent ces écoles nous redemandent.
Suite à ces évènements dramatiques, nos pensées vont aux deux enseignants assassinés, assassinés uniquement car ils étaient enseignants, à leurs familles et à tous les enseignants qui arrivent le lundi matin dans leur école, la peur au ventre, alors qu’ils font le plus beau métier du monde.
Joël Rolet
22 octobre 2023, l’Orange Bleue, n° 135