ELECTIONS LEGISLATIVES 2022
Fidèle à sa mission d’information et de formation du citoyen sur les questions relatives à la Paix, l’Université Européenne de la Paix organisait le vendredi 20 mai une réunion publique lors de laquelle les candidat-es républicain-es aux prochaines élections législatives à Brest étaient invité-es à présenter leur programme en matière de Défense, de Sécurité et de Paix.
Des sept candidat-es connu-es à la date de l’envoi de nos invitations quatre y ont répondu positivement, le candidat du parti radical de gauche s’est excusé, quant au candidat officiel de la majorité présidentiel et au candidat socialiste ni l’un ni l’autre ne s’est manifesté...
A la lettre d’invitation adressée aux candidat-es était jointe une liste de questions, pour nous essentielles, auxquelles nous souhaitions qu’ils apportent une réponse au cours du débat.
1. Questions aux candidat-e-s
2. Intervention de Jean-Charles Larsonneur, député sortant, candidat Majorité présidentielle
3. Intervention de Pierre-Yves Cadalen Candidat de la NUPES
4. Intervention de Sandrine Migerel Candidate UDB
5. Intervention de Vincent Garcia La liste citoyenne
6. Dans le débat
QUESTIONS AUX CANDIDAT-E-S
Arme et dissuasion nucléaire
En juillet 2017, en assemblée générale à l’ONU, 122 Etats ont voté un traité d’interdiction des armes nucléaires qui est entré en vigueur en janvier 2021. La France, comme les autres pays détenteurs de l’arme nucléaire, a jusqu’à présent ignoré ce traité. Le risque que la guerre en Ukraine débouche sur un conflit nucléaire généralisé, doit nous conduire aujourd’hui à reconsidérer cette posture.
• Face à un agresseur déterminé s’il le faut à faire usage de son arme nucléaire notre dissuasion nucléaire a-t-elle encore un sens ?
• Plutôt que de continuer à l’entretenir à grands frais ne vaudrait-il pas mieux s’engager dès à présent sur la voie du désarmement nucléaire en entamant la procédure de signature et de ratification du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires ?
• Dans le prolongement de cet engagement, seriez-vous également prêt à peser pour que soit engagé le processus de reconversion des sites dédiés à la dissuasion nucléaire (Valduc et l’île Longue principalement) ?
Contrôle des ventes d’armes
Dernier avatar dans la longue série des entorses de notre pays à la règle internationale en matière de vente d’armes, récemment le journal d’investigation Disclose révélait que malgré l’embargo décidé en 2014 la France avait continué à vendre jusqu’en 2020 pour plus de 150 millions d’Euro de matériel militaire à la Russie. Ces entorses qui ne sont pas propres à notre pays sont ici facilitées par le fait -et c’est une exception française- que le contrôle des exportations d’armes relève du seul pouvoir exécutif.
* Ne pensez-vous pas qu’une telle situation est indigne d’un pays démocratique ?
* Si vous êtes élu-e entendrez-vous, comme le préconise un rapport parlementaire récent (Maire/Tabarot), que la représentation nationale devienne le garant en dernier ressort de la légalité de ce commerce si particulier ?
ONU, UE, OTAN
Ce sont là trois acteurs majeurs de l’ordre mondial actuel dont la guerre en Ukraine va amener à reconsidérer les rôles qu’ils exercent en matière de sécurité et de maintien de la paix.
* Selon vous, pour aller vers un monde plus stable, en matière de défense, de sécurité et de paix quelle place devraient demain occuper ces trois instances ?
Activités militaires et défense du climat
Les activités militaires sont parmi les plus émettrices de CO2 et pourtant leurs émissions ne font l’objet d’aucune comptabilisation et partant, d’aucune limitation. En matière de lutte contre le dérèglement climatique, le militaire est hors sujet !
* Alors que suite aux rapports alarmants du GIEC, tout le monde est aujourd’hui convaincu de l’urgence d’appliquer des mesures radicales de réduction des émissions de CO2, trouvez-vous normal que le complexe militaro-industriel continue à en être exempté ?
* Interviendrez-vous pour que soit mis un terme à ce passe-droit qui risque de rendre vains les efforts consentis par le reste de la collectivité.
Esprit de Défense et esprit de Paix
Afin de développer chez les jeunes l’esprit de défense et ainsi renforcer le lien entre les armées et la Nation, plusieurs protocoles ont été signés ces dernières années entre le ministère des Armées et celui de l’Education Nationale.
* Ne pensez-vous pas que dans la perspective de la construction d’un monde de paix, tout autant que celui de défense, l’esprit de paix mérite d’être diffusé auprès de ces jeunes ?
* Ne pensez-vous pas qu’à l’instar des cours d’éducation à la défense désormais dispensés dans les divers cycles de notre système éducatif, devrait y être également dispensé un enseignement spécifique dédié à la paix et à la non-violence ? Et pourquoi pas dans le cadre de protocoles entre le ministère de l’Education Nationale et un ministère de la Paix– à créer - dont la mission serait de développer une culture de Paix ?
* Quelles mesures défendrez-vous pour aller dans ce sens ?
Un monument de la Paix à Brest
La culture de paix se nourrit aussi de symboles. Caen a son Mémorial, Quimper, un jardin de la Paix, mais Brest, ville martyre de la deuxième guerre mondiale, rien ! Pour combler ce vide symbolique l’Université Européenne de la Paix porte un projet de monument de la paix qui serait édifié dans un lieu qui fait sens avec l’histoire de notre ville.
* Demain un monument de la Paix à Brest ! Etes-vous prêt à soutenir cette initiative de l’Université Européenne de la Paix ?
Intervention de Jean-Charles Larsonneur, député sortant, candidat Majorité présidentielle
Notre dissuasion est défensive (arme de non-emploi utilisée en cas de menace sur nos intérêts vitaux). Son rôle : dissuader des agresseurs potentiels (Russie, Chine), préserver notre autonomie stratégique au sein de l’Europe et de l’Otan, permettre à notre politique étrangère et notre diplomatie de ne pas s’aligner sur celle des USA, de dire « non » à l’invasion de l’Irak en 2003. Oui au Traité de Non-Prolifération. La France a arrêté les essais nucléaires dès 1995 et fait le choix de la stricte suffisance : réduction de notre stock d’armes nucléaires, modernisation pour rester crédible. Aucune surenchère ou l’escalade. Non au TIAN, c’est un désarmement unilatéral, un renoncement à une politique étrangère indépendante et une expositions aux pressions et menaces de nos ennemis.
J’ai œuvré à la modernisation du site de l’Île-Longue et de la base navale de Brest (chantiers garantissant des milliers d’emplois pour les 40 ans à venir).
Contrôle des ventes d’armes : La France adapte sa politique à la situation internationale et la négocie entre ministères (CIEEMG). Des contrats passés et honorés sont ajustés en cas de changement de situation (arrêt de fournitures de pièces de rechange ou de munitions). Oui à une délégation parlementaire spécialisée dans le contrôle des ventes d’armement.
ONU,UE, OTAN : J’ai travaillé à renforcer l’Europe de la Défense (convergence des objectifs, des budgets, matériels communs) qui contribue à la solidité de l’OTAN, pilier de notre sécurité collective. Si l’Ukraine avait intégré l’OTAN (alliance défensive) avant 2014, alors qu’elle se rapprochait de l’Europe, il n’y aurait pas eu de guerre en Ukraine. Oui au multilatéralisme onusien mais il doit se réformer car au Conseil de sécurité, la règle de l’unanimité bloque la plupart des décisions importantes.
Activités militaires et climat
L’objectif : la neutralité carbone en 2030 (bâtiments, véhicules, nouveaux carburants, bilans carbone, biodiversité). Nos armées contribuent à la transition écologique, et en sont acteurs (protection des Océans, lutte contre la pêche illégale).
L’esprit de paix, c’est l’éducation civique, l’enseignement en Histoire et la transmission de la mémoire. Un grand risque : la désinformation, des réécritures de l’Histoire. La démocratie est une conquête perpétuelle : éducation à la non-violence, lutte contre les violences faites aux femmes et le harcèlement scolaire, respect de la diversité et de tous les êtres vivants.
D’accord pour un monument de la paix !
Intervention de Pierre-Yves Cadalen Candidat de la NUPES
« Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené ». Nous faisons nôtres ces mots d’Albert Camus, dans l’éditorial qu’il écrivit pour Combat au lendemain d’Hiroshima.
La lutte pour la paix est d’une tragique actualité alors que la guerre fait rage en Ukraine. La guerre est un fléau. L’union que je représente fait du combat pour la paix un combat essentiel. À ce titre, nous souhaitons mettre en œuvre une politique diplomatique résolue pour créer les conditions de la paix. Le multilatéralisme est le cadre nécessaire de résolution des conflits. C’est pourquoi l’organisation de la sécurité et de la coopération en Europe doit être pleinement utilisée pour œuvrer à la paix en Ukraine. L’ONU doit également retrouver un rôle central dans la résolution des conflits, et particulièrement l’Assemblée générale au sein de cette institution.
Dans toute guerre, les populations civiles sont brutalisées. Les réfugiés doivent être accueillis, sans aucune distinction entre eux.
La guerre se poursuit également au Yémen. Les livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite, dont l’armée a fait usage au Yémen, sont une honte pour notre gouvernement. La vente d’armes ne peut être subordonné à des impératifs comptables, la ministre Florence Parly évoquant « des performances excellentes à l’exportation ». La vente d’armes doit être subordonnée à des impératifs stratégiques et le programme de la nouvelle union populaire prévoit d’ailleurs explicitement de « créer une délégation parlementaire dédiée au contrôle des exportations d’armes ».
Ce texte prévoit que la France s’engage comme membre observateur au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires afin d’œuvrer au désarmement multilatéral. Un monde sans armes nucléaires serait plus sûr, et notre force politique souhaite y œuvrer.
La culture de la paix se construit au-delà des questions de défense : la paix est plus que l’absence de guerre. Les traités de libre-échange sont des facteurs de déstabilisation des sociétés qui peuvent renforcer les tensions internes aux États et entre États. Ils nourrissent la dynamique destructrice du changement climatique. La défense d’un autre système économique international est donc également un impératif pour la paix. La lutte pour l’égalité femmes-hommes, pour l’égalité et la fraternité, au cœur de nos combats et de mes raisons d’engagement, est une lutte pour la paix.
C’est dans cet esprit que je soutiens pleinement l’initiative de l’Université Européenne de la Paix pour la construction d’un monument pour la paix.
Intervention de Sandrine Migerel Candidate UDB
La dissuasion nucléaire, c’est 3000 Hiroshima au fond de la rade et un consensus jamais vérifié.
L’UDB a adhéré à ICAN en raison des conséquences humanitaires et environnementales des armes nucléaires et pour une raison éthique (un crime contre l’Humanité,résolution de l’ONU du 24/11/1961). Pour moi le réalisme c’est la recherche de solutions de paix bâties sur la coopération entre les peuples et les Etats.
37 milliards d’euros (2019-2025) sont programmés pour la « dissuasion » alors que les services publics sont en souffrance au détriment des plus précaires. C’est l’équivalent, pendant 6 ans, de 210 000 logements sociaux ou 320 000 emplois d’utilité sociale par an.
Je suis favorable à ce que la France signe et ratifie le TIAN, en respect de l’article 6 du TNP qui assure notre sécurité collective. Le TIAN représente ce que j’attends de l’ONU : faire passer les biens communs de l’humanité avant les questions de puissance. Oui à un groupe transpartisan de parlementaires pour peser sur le débat.
La reconversion des sites comme l’Ile Longue est un tabou car la question de l’emploi est sensible (200 000 emplois directs et indirects en France). La reconversion, exigera des compétences de haut niveau autant que des savoir faire professionnels spécifiques. Il faudra relever des défis technologiques et environnementaux, former, s’apuyer sur des bases légales, sur une réelle volonté politique et une planification stratégique en concertation avec les professionnels. Il y a des pistes de reconversion : démantèlement des armes nucléaires, énergies renouvelables, recherche sur le traitement des déchets hautement toxiques, économie circulaire en partenariat avec le CEA...Le Technopôle Brest Iroise qui est une structure stimulante en terme d’innovation et de mobilisation des compétences pourrait être un espace d’analyse des potentialités.
Le commerce des armes est opaque. On sait que des armes françaises ont servi sur des scènes de crimes de guerre (Gaza, Yemen). En France, l’exécutif pilote l’ensemble des procédures (production, financement, recherche, développement de nouvelles armes et commercialisation). La DGA chargée du contrôle et des exportations est juge et partie. Je préconise une commission parlementaire dédiée avec mission de mettre en place un observatoire économique, de faire le point sur les exportations et de donner aux parlementaires les informations claires et complètes en vue d’une réglementation nationale et internationale.
Intervention de Vincent Garcia La liste citoyenne
Chaque nouvelle élection nous rappelle à quel point – contrairement aux élu·e·s – nous sommes toutes et tous dépourvues de droits politiques, comme celui de voter directement les lois auxquelles nous devrons ensuite obéir par exemple…
Loin d’être une fatalité, nous pensons qu’il est possible de remédier à cette situation par les urnes, légalement, et sans violence. Pour ce faire, et après avoir présenté une liste citoyenne aux élections Municipales de 2020 sur la commune de Brest, nous sommes heureux·ses de proposer à chacun·e d’entre-vous une nouvelle occasion de reprendre le pouvoir sur nos vies en nommant des député·e·s citoyen·ne·s à l’Assemblée Nationale, député·e·s dont vous pourrez collectivement piloter chaque vote au sein de l’hémicycle démocratiquement grâce à :
❶ une Plateforme en Ligne de Participation Citoyenne (PLPC) open source, financée puis animée par l’argent public habituellement consacré aux attaché·e·s parlementaires ;
❷ une Assemblée Citoyenne de Circonscription (ACC) mensuelle, financée par l’argent public habituellement consacré à la permanence parlementaire ;
Vous l’aurez compris, notre candidature n’a strictement rien à voir avec celle des autres. Nous voulons (dé)montrer que l’on peut faire de la Politique autrement :
• contre la corruption qui gangrène nos institutions ;
• sans politicien·ne professionnel·le ;
• sans hiérarchie entre nous ;
• pour le mandat unique ;
• pour le mandat impératif ;
• pour une nouvelle constitution ;
• pour rendre concrètement le pouvoir aux citoyen·ne·s ; Notre projet politique est entièrement au service du bien commun et de l’intérêt général. Aussi, les 12 et 19 Juin prochain, et si vous votiez pour vous ?
Note de la rédaction : étant donnée la place limitée dans l’Orange Bleue nous ne pouvons reproduire les réponses aux 14 questions ; celles-ci sont d’ailleurs peu précises dans la mesure ou le/la candidat-e s’engage à ne faire passer que les décisions prises par la majorité des citoyens, ainsi que le préconise la démocratie directe.
DANS LE DÉBAT
Défendant la politique nucléaire de la France, J.Ch. Larsonneur argue que notre pays a réduit le nombre de ses têtes nucléaire et qu’il s’appuie sur le Traité de Non Prolifération Nucléaire. Il lui est répondu que chaque tête nucléaire est plus « chargée ». Quant au TNP il ne sert qu’à interdire l’accès de nouveaux Etats à l’arme nucléaire alors que les « Cinq » conservent la leur et continuent à la « moderniser ».
Des questions portent aussi sur l’Otan qui serait pour certains gage de Sécurité alors d’autres estiment que son élargissement vers l’Est a aggravé le risque nucléaire..
J.Ch. Larsonneur conteste la pollution par les activités militaires. Il préconise de planter des arbres sur les sites militaires.
Un large accord s’exprime cependant sur la nécessité de faire avancer la Culture de Paix et de développer l’éducation à la Paix dans les écoles de donner la priorité au règlement des conflits par la voie diplomatique.
Un de nos amis insiste sur l’efficacité de la non-violence dans la résolution des conflits.
Une des conclusions est le rappel d’une formule qui nous est chère « les armes sont le problème et non la solution ».