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L’affaire Georges Ibrahim Abdallah par Saïd Bouamama
Il y a une affaire Georges Ibrahim Abdallah comme il y a une affaire Dreyfus ou une affaire Maurice Audin : une affaire qui met en cause la responsabilité de l’Etat français.
Georges Ibrahim Abdallah est le plus vieux prisonnier politique en Europe : il a déjà passé plus de 37 ans dans les prisons françaises, bien que libérable depuis 22 ans, et en contradiction avec la Convention Européenne des Droits de l’Homme.
Communiste libanais, dans un Liban ravagé par la guerre (souvenons-nous des massacres des camps de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth-Ouest en 1982), ce militant de la résistance palestinienne au sein du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) puis de la Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), est arrêté le 24 octobre 1984 à Lyon. Il est jugé pour complicité d’assassinats d’un attaché militaire américain à Paris et d’un secrétaire à l’ambassade israélienne à la suite d’un procès politique entaché d’irrégularités et sans aucune preuve réelle. Alors que le procureur réclame 10 ans d’emprisonnement, ce bouc-émissaire idéal depuis les attentats sanglants de la rue de Rennes, écope de la perpétuité. La justice d’exception exige un coupable.
Selon le droit français, le prisonnier libanais est éligible à une libération conditionnelle depuis 1999. Aucune de ses neuf demandes de libération n’a été acceptée. En 2013, le tribunal d’application des peines accorde cette libération mais la conditionne à une expulsion vers le Liban. Manuel Valls alors ministre de l’Intérieur refuse de signer l’arrêté d’expulsion pour absence de reniement de la cause palestinienne. Puis c’est le tour de Gérald Darmanin de refuser sa libération : la pression des États-Unis et d’Israël n’y est pas étrangère. L’État français s’ acharne et Georges Ibrahim Abdallah est toujours incarcéré à la prison de Lannemezan.
Dans ce pamphlet en faveur de sa libération, Saïd Bouamama, sociologue, réalise une étude précise de ce militant inébranlable, de son parcours politique et de son combat. Il détaille minutieusement la longue chronique judiciaire, nous livre une grille d’analyse de la justice française et de la fabrique médiatique de l’opinion.
Saïd Bouamama, est engagé professionnellement et personnellement dans toutes les dimensions des luttes d’émancipation (sexe, race, classe).
L’affaire Georges Ibrahim Abdallah de Saïd Bouamama. Editions Premiers Matins de Novembre, 13€.
Anne-Marie Kervern, l’Orange Bleue, n° 129