Religions, guerres et paix

suite de l’OB 140

Des déclarations aux actes

Toutes les religions professent la paix. Un vœu pieux ? Pas pour Gandhi et Martin Luther King dont l’action politique était portée par la foi.
Les religions peuvent contribuer à la prévention des conflits parce qu’elles ont un lien direct avec les croyants et la légitimité pour dire que l’on ne peut tuer au nom de Dieu.

Au Rwanda (1994), 800 000 Tutsis chrétiens ont été massacrés par les Hutus chrétiens. Seuls les musulmans ont refusé la violence, ont fait barrage à la propagande de haine, et ont aidé les fugitifs, quelle que soit leur religion ou leur ethnie...

Paix entre le Chili et l’Argentine (1984), un traité de paix est signé entre les deux pays grâce à la médiation d’émissaires du Vatican.

Au Cambodge (1979), après la dictature de Pol Pot (2 millions de morts), c’est à un moine bouddhiste (Maha Ghosananda) qu’on doit le « mouvement de réconciliation et de paix ».

Aux Philippines (1986), la contestation non-violente au dictateur Marcos, est menée par l’Église catholique.

En Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, au Liberia, au Sierra Leone et ailleurs, les conflits politiques ont été maîtrisés de manière constructive, grâce à l’organisation « Religions for Peace ».

A Jérusalem (3 juin 2024), une marche interconfessionnelle de juifs, musulmans, chrétiens et druzes a été organisée pour la paix à Gaza. La militante juive pour la paix, Leah Shakdiel, y déclare : « Nous défilons aujourd’hui pour crier … que c’est un péché immonde d’utiliser la foi en Dieu ...dans le but de semer la destruction et la dévastation ».

En Cisjordanie, le rabbin Arik Ascherman protège les agriculteurs palestiniens de la vague de violence les visant depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Laïcité, dialogue interculturel, dialogue interreligieux, dialogue interconvictionnel

La laïcité, non dévoyée par l’extrême droite, est le moyen de la paix sociale et le chemin de la fraternité entre les citoyens. La gestion pacifique du monde passe par la construction de l’unité dans la diversité, aussi les religions sont-elles appelées à sortir de leur zone de confort en s’engageant plus avant dans toutes des démarches de dialogue : interreligieux, interculturel, interconvictionnel. Face aux intégrismes excluants, aux religions aussi d’imaginer des voies d’espoir vers la paix.

Citons l’imame Kahina Bahloul (*) « le sacré, c’est la vie », et le pape François, à Assise en 2016 : « Il n’y a pas de guerre sainte. Il n’y a que la paix qui est sainte ».

Anne-Marie Kervern, Joël Rolet, L’Orange Bleue, n°141

(*) « Des femmes et des dieux »

ob140p1-2.pdf