Le blues de la bénévole

Son réveil n’a pas encore sonné mais elle est déjà levée. Il fait nuit ; la lune orange d’hier soir a contourné la maison et disparu derrière les arbres ; il va faire froid mais il ne pleuvra pas, c’est déjà ça ! Elle se lave et s’habille prestement . Cool, il est tôt, tu as le temps... vérification dans le miroir, l’oeil des petits capte tout ce qui cloche !
Le thé et les biscottes sont vite avalés, le journal lui confirme que tout va mal dans le monde, c’est parfait, elle verra ça après …
Aujourd’hui, avec ses collègues de l’UEP, elle intervient dans une école brestoise pour parler de paix aux enfants et réfléchir avec eux sur tout ce qui est susceptible de menacer les conditions du -bien- vivre ensemble.
Ce n’est pas la première fois mais le scénario est toujours le même, elle sait que son coeur restera serré au moins jusqu’à la porte de l’école !

Elle essaye de recenser mentalement les prénoms des élèves de son groupe la semaine dernière, zut ! C’est comme pour les 7 nains, il lui en manque toujours un !
Pour se détendre, elle pense à la récré, aux délicieux gâteaux que la non moins délicieuse maîtresse offre à la pause café. Mais la tension revient, elle prend un gros feutre bleu et écrit en toutes lettres sur des bristols : « REFLECHIR SE PARLER » et puis aussi « RESPECT, TOLERANCE » « NOS YEUX PEUVENT NOUS TROMPER, NOTRE MEMOIRE AUSSI » en l’absence de tableau dans la salle, elle se dit que cela serait peut être utile de montrer ces simples petits cartons pour bien imprimer les idées-clés qu’elle veut faire passer .
Maintenant elle est pressée d’aller rejoindre Jeanne pour faire le trajet ensemble ; elle lance un « salut, à midi ! » un peu crispé... et pourtant elle sait bien qu’à midi, ce sera comme d’habitude , le bonheur :
Michèle aura distribué les autocollants aux élèves ravis de leur matinée, fiers d’être reconnus désormais messagers de la Paix ; l’équipe de bénévoles décontractée et souriante, se sera régalée - comme si on leur remettait le Nobel- des bravos des enfants qui tous ensemble se seront exclamés : 

« Si tu veux la Paix , prépare la Paix ».

Nicole Celton

LES CONFLITS

En accord avec la ville de Brest et l’Inspection Académique, nous proposons aux enseignants de développer, autour « du vivre ensemble » une gestion non violente des conflits.

A la question, qu’est ce qu’un conflit ?
Une élève propose : une « embrouille », l’autre montre ses poings . C’est une bonne introduction pour une discussion riche d’enseignements qui montre que chaque individu peut être acteur de conflits aussi bien les garçons que les filles.
Les élèves tirent très vite la conclusion devant le panneau des 2 ânes qui ont réfléchi à la solution qui leur permettrait de ne pas mourir en s’étranglant, qui ont choisi de se diriger ensemble et non séparément vers la même touffe d’herbe.
S’élève alors quelquefois dans la classe une voix prononçant le mot « union » , ce qui nous permet de poursuivre la discussion et d’entendre le mot « solidarité » .

Les réponses divergent à la question « Quand tu es en conflit avec quelqu’un, que fais tu ? »Tu l’envenimes, tu le mets en sommeil ?
Après un échange fourni, les élèves concluent que c’est en se parlant, en n’ayant pas peur de montrer ses émotions devant cette situation, en écoutant et comprenant les raisons de l’autre, en exprimant les siennes, il est possible de se mettre d’accord sur une solution et si le blocage persiste de s’exprimer devant un adulte en qui ils ont toute confiance.

L’occasion pour les bénévoles de l’Education à la Paix de souligner le rôle essentiel de la maîtresse et notre respect pour sa fonction, celle d’apprendre à lire et à compter dans un climat de paix, dans l’intérêt des élèves pour le monde qui les entoure.

Michèle Pichavant, L’Orange Bleue, n° 141