Une débaptisation de rue qui pose questions

Ainsi il aura fallu moins de six mois depuis la sortie d’un rapport rendant publiques les agressions sexuelles de l’abbé Pierre pour que le conseil municipal décide de débaptiser la rue portant son nom. La célérité de cette prise de décision laisse un goût amer à celles et ceux qui depuis plus de trente ans demandent que l’on débaptise la rue Bugeaud.
Est-ce à dire que pour le conseil municipal les turpitudes de l’abbé sont plus graves que les sinistres enfumades des populations kabyles ordonnées par le sanguinaire général de la conquête de l’Algérie ? Ou que leurs milliers de victimes parce qu’elles sont algériennes ont moins d’importance ?
Loin de nous la pensée que nos élu-es seraient sensibles à de telles considérations. Il n’empêche que cette différence de traitement pose problème.
Vu la gravité des crimes qui lui sont imputés, l’argument souvent avancé du coût pour la ville et des embarras pour les riverains d’un changement d’adresse ne peut justifier que Bugeaud ait encore une rue à son nom.. D’autant qu’une bonne part de ces inconvénients peuvent être facilement levés en
apposant aux entrées de la rue, pendant un certain temps et comme cela se fait ailleurs, une plaque portant son nouveau nom avec une mention « anciennement rue Bugeaud »
L’attribution d’un nouveau nom à l’école de la rue Bugeaud voilà deux ans est une décision de la Ville que nous avons saluée. Nous ne devons pas cependant nous en contenter. Par respect pour le peuple algérien dont les plaies de la conquête et de la colonisation sont loin d’être refermées et dans un souci de réconciliation, c’est toute la rue qui doit changer de nom.

Rebaptisons la rue Bugeaud !