Au nom de Dieu
De tous temps, les religions ont servi de prétexte ou de justificatif à la guerre contre son voisin, comme si la référence religieuse pouvait justifier l’injustifiable !
Les croisades du Moyen-Age, la guerre de religion entre catholiques et protestants au 16e siècle sont restées dans les livres d’histoire.
Durant la guerre 14-18 les assauts des tranchées ennemies étaient menés le crucifix en avant et depuis des siècles les soldats allemands arborent le « Gott mit uns » (Dieu avec nous), sur leur casque et leur ceinturon.
Plus récemment, les différentes mouvances du jihadisme islamique international, sèment la terreur en massacrant tous les « infidèles » (= ceux qui ne pensent pas comme eux) au nom d’Allah.
Actuellement le Proche-Orient s’embrase. La relation toxique entre religion, politique et lutte armée y fait des ravages. A Gaza, le Hamas, issu des « Frères Musulmans » égyptiens se définit lui-même comme mouvement trouvant ses racines dans le Coran et se battant au nom de l’Islam.
Au Liban, le Hezbollah (en arabe : « parti d’Allah »), parti politique religieux et groupe paramilitaire islamiste chiite libanais créé en 1982, est financé et armé par les « Gardiens de la Révolution »iraniens et voue un véritable culte à l’ayatollah Khomeiny.
Face à eux, Benyamin Netanyahou et ses ministres suprémacistes qui militent pour un Etat régi par la religion et massacrent femmes et enfants palestiniens, à Gaza, pour atteindre l’objectif du Grand Israël.
Celui qui veut la guerre a-t-il besoin de la religion pour la justifier ? Non, mais le prétexte fonctionne. Ainsi, les colons fondamentalistes israéliens justifient la construction de colonies en Cisjordanie par la mention biblique de « terre promise ». Justifier l’agression armée par la défense de la foi, ou la survie d’une communauté, donne un sens aux sacrifices des civils.
En Europe, la guerre en Ukraine est soutenue par le patriarche orthodoxe Kirill, pilier du régime de Poutine qui en fait une guerre « métaphysique » contre un Occident décadent.
En 2022, des prêtres de l’Église orthodoxe ukrainienne, affiliée à Moscou, ont été condamnés par les tribunaux ukrainiens pour avoir transmis des informations militaires à l’agence de renseignement militaire russe GRU. En 2024, le Parlement ukrainien a voté une loi interdisant les organisations religieuses liées à la Russie scellant ainsi le schisme de l’Eglise orthodoxe ukrainienne reconnue par le patriarcat de Constantinople.
La mondialisation avec son risque d’homogénéisation culturelle a provoqué, un peu partout, des replis identitaires souvent ethno-religieux. Les guerres (interétatiques, civiles, coloniales, guérilla...) qui ont endeuillé la planète depuis une trentaine d’années ont, pour une grande part, une dimension religieuse : Kosovo, Cachemire, Timor-Est, Tchétchénie, Balkans, Irlande du Nord, Afghanistan, sud du Soudan, Algérie, Chypre, Haut-Karabakh, Tibet...
Dans tous ces conflits meurtriers les religions, la foi, ce qui est considéré comme sacré et donc intouchable, jouent un rôle majeur.

Anne-Marie Kervern et Joël Rolet, L’Orange Bleue, n°140