Les lobbies industriels, et leurs actionnaires, se frottent les mains, le cours des métaux ne cesse de s’envoler, les usines de munitions n’arrivent plus à fournir, depuis que la folie monstrueuse de la guerre a envahi le monde et les esprits.

Mais à qui profite le crime ?

Tous les Brestois connaissent Thalès et Naval Group, mais qui connait Nexter (KNDS), le GICAT (armement terrestre et aéroterrestre), le GICAN (activités navales), et le GIFAS (aéronautiques et spatiales), regroupés au sein du CIDEF (Conseil des Industries de Défense Française)… ?
Ces sociétés et groupements de sociétés sont aussi discrets qu’ils sont puissants et proches du pouvoir et des banques. Pour être heureux : « vivons cachés » !
On sait depuis longtemps que le nucléaire civil et le nucléaire militaire sont étroitement liés et indissociables ; il en va de même pour des consortiums tels que BOEING et AIRBUS dont l’activité militaire est loin d’être anecdotique, mais également d’une discrétion suspecte…

KNDS qui fabrique les canons Caesar, les chars Leclerc et Leopard 2, et bien d’autres engins de mort, a connu en 2023 la plus grande progression de son histoire (3,3 milliards d’euros), son carnet de commandes dépassant les 15 milliards d’euros.

Dassault Syst qui fabrique les Rafales a fait 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Les commandes de Rafales sont passées de 164 en 2022 à 211 en 2023. Un Rafale coûte 100 millions d’euros auxquels il faut ajouter 5 millions par an pour son entretien.

Thalès, géant mondial de l’armement a fait 18,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023 avec une progression des ventes de 8,7%. Son usine de la Ferté-Saint-Aubin (45) va multiplier par 4 sa production de munitions en 2024.

En juin 2022, prenant la parole au salon international de la défense et de la sécurité Eurosatory, Emmanuel Macron a enjoint aux industriels de l’armement d’entrer en économie de guerre et de se mettre en ordre de marche pour « aller plus vite, plus fort, au moindre coût » . En avril 2024, il inaugure à Bergerac (24) une usine de poudre pour obus.

Les conflits permettent de faire tourner les usines d’armement à plein régime, et fournissent aussi un terrain d’essai exceptionnel pour la « cyber-sécurité » et l’expérimentation des armes modernes « du futur » (voir les téléphones explosifs des Israéliens contre le Hezbollah)…

Les USA, de très loin les premiers fabricants d’armes mondiaux, ont vu progresser leur économie de 5,7% en 2021, 1,9% en 2022, 2,5% en 2023 et les prévisions de 2024 sont de 2,2%.

Cocorico ! en 2024 la France devient le 2e exportateur mondial d’armement en prenant la place de la Russie ! J’avais cru comprendre que depuis 40 ans la France se désindustrialisait, pas dans tous les domaines semble-t-il ! Vous avez dit : « pays des Droits de l’Homme » ?

En attendant les guerres continuent, on tue des femmes et des enfants tous les jours, mais ce n’est pas grave puisque les actionnaires se réjouissent et disent : « pourvou qué ça doure ! »

Joël Rolet, 22 septembre 2024, Orange Bleue n° 139