8 mai 2024 : Dialoguer

Comme chaque année depuis 2011, ce 8 mai 2024, Université Européenne de la Paix organisait sa balade dans le centre ville de Brest. Le chemin que nous parcourons, avec 10 stations dont l’Abri Sadi-Carnot, nous permet de rendre hommage à toutes les victimes des guerres et en particulier aux civils dont il n’est jamais fait mention sur les monuments aux morts.

Nous étions sur le Cours d’Ajot devant le monument des États-Unis, improprement appelé Monument américain, que j’avais présenté...

J’avais fini de parler quand un homme est venu vers nous très en colère parce qu’un de nos camarades portait un drapeau palestinien.
J’ai discuté avec lui. J’ai commencé par lui dire que j’étais sûr de deux choses : la première c’est qu’il n’avait pas la vérité, et la deuxième c’est que moi non plus je ne l’avais pas, et que peut-être même c’est lui qui s’en approchait le plus. Nous avions chacun des convictions et il n’était pas non plus question que nous soyons d’accord sur le problème palestinien.
Le débat s’est apaisé. À la fin, et de manière non-prévue, je lui ai tendu la main. Et il l’a acceptée : nous nous sommes quittés apaisés.

Je dois dire que ce geste m’a conforté dans la lutte non-violente que j’essaie de mener.
Imaginez : si au lieu de ce geste, nous nous étions abreuvés d’insultes ou même peut-être aurions-nous pu en venir aux mains. Peut-être que l’un ou l’autre aurait pu se croire gagnant parce qu’il a une droite plus percutante ou un discours plus bruyant. Mais pour quel résultat ?
Sans doute que chacun est resté sur sa position sur la question palestinienne. Mais je pense que sur d’autres sujets, nous aurions pu trouver des points d’accord qu’il n’aurait sûrement pas été possible de trouver si ça c’était mal passé. En tout cas j’étais content de voir que dans une situation pas facile, le dialogue peut s’amorcer.

Mon slogan est : Respecter les personnes, mais pas nécessairement leurs idées.
C’est-à-dire ne pas abreuver l’adversaire de tous les noms d’oiseaux ou utiliser la violence physique, mais débattre. Même si parfois le débat nécessite la confrontation : comme la grève, la désobéissance civile, les manifestations, ou simplement de hausser le ton pour défendre ses convictions, …
Je pense que c‘est une des manières de permettre à l’autre d’évoluer, mais aussi de se permettre d’évoluer positivement.

Bien entendu ce n’est pas facile quand nous rencontrons un facho. Essayons quand même !

Fanch Hénaff, l’Orange Bleue, numéro 139