On a promis aux porte-paroles des partis présents lors du débat de jeudi dernier de mettre sur le site dès qu’ils nous arriveraient les textes de leur intervention.


En voici un premier transmis par l’UDB :

Elections européennes 9 juin 2024 Débat organisé par l’UEP 23 Mai 2024
Intervention de Michel Beaupré (UDB) porte-paroles de la liste ETE

Je représente Lydie Massart, candidate Union Démocratique Bretonne en n°2 sur la liste ETE (Europe Territoires Ecologie). Cette coalition des partis régionalistes de Régions et Peuples Solidaires, du Parti occitan, de Volt- mouvement citoyen pour une Europe fédérale - et du PRG affirme dans cette élection un engagement en faveur des territoires, et symbolise un travail coopératif nécessaire à la paix entre militants de divers horizons,

L’UDB, et notre candidate Lydie Massart, veulent que la paix et le désarmement nucléaire, soient déterminants dans les choix électoraux et que l’objectif Paix soit inclus dans toutes les politiques de l’UE. Parce que cet objectif est conforme à l’esprit qui a présidé à la construction européenne, nous mettons la proposition de l’UEP dans l’ordre 1) Paix, 2) Sécurité, 3) Défense.

1) La paix est l’objectif prioritaire concret et urgent dans un contexte de ruptures géopolitiques, de guerre en Ukraine, de risque génocidaire à Gaza, de guerres oubliées et peu médiatisées en Afrique (Soudan...) et en ce moment de risque de guerre civile en Nouvelle-Calédonie. Plus de 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays en proie à des conflits violents. On compte 59,5 millions de personnes déplacées de force, et 19,5 millions de réfugiés, dont la moitié sont des enfants.
La paix est un objectif éthique qui passe par des valeurs et des principes d’égalité, de justice, de démocratie, de respect des droits humains. C’est un processus de culture et de civilisation sur lequel nous voulons agir en prévention, d’abord par l’éducation et par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit.
La paix est une construction politique, sociale, culturelle, économique, environnementale, sanitaire et alimentaire...elle doit intégrer les 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU, les résolutions de l’ONU sur la construction d’une culture de paix, les rapports du GIEC et l’accord de Paris sur le climat. La paix n’est pas un état, c’est un processus qui impacte de nombreuses politiques européennes en transversalité, du local au global.

Notre programme propose :

Une transformations des Institutions européennes et internationales :

• Parce que l’UE est illisible et complexe pour la plupart des gens nous voulons une Europe des peuples plus proche des citoyens, fédérale (une culture qui oblige à apprendre de l’autre) , plus respectueuse des réalités régionales (économiques, culturelles, linguistiques...), une démocratie parlementaire débarrassée de la règle de l’unanimité au profit de la majorité qualifiée.

• Une ONU plus efficace : Le Conseil de Sécurité, organe principal chargé du maintien de la paix, est dominé par les vainqueurs de la Seconde guerre mondiale, à l’exclusion de continents entiers. Les droits de veto de quelques grandes puissances bloquent les décisions urgentes. Nous voulons substituer à l’ONU une « Organisation mondiale des Peuples », incluant les peuples sans Etat (cf la juriste internationale M.Chemillier-Gendreau).

Une société civile plus impliquée :

• Nous travaillerons à développer les conventions citoyennes qui permettront à plus de citoyens de proposer des actes législatifs nécessaires, conformément aux conclusions de la Conférence de la Société Civile de Nairobi.

• Nous inciterons l’Etat français et l’UE à participer au « Sommet des Nations Unies pour l’avenir » pour exiger des engagements ambitieux et des actions multilatérales visant à garantir un monde plus juste, plus sûr et plus durable.

2) La sécurité collective est un bien partagé qui n’est pas prioritairement militaire. Elle implique la solidarité entre Etats et l’interdiction du recours à la force. Elle est menacée par :

• Les nationalismes et les logiques ultralibérales
Nous lutterons contre les nationalismes, contre l’extrême-droite qui gangrène l’Europe, contre les logiques ultralibérales qui fragilisent les vies humaines, les sociétés et la planète. Notre sécurité collective est menacée par les multinationales dont la puissance économique dépasse celle de certains Etats, des multinationales qui usent de cette puissance pour se conduire en prédateurs. Nous combattrons l’ouverture des services publics à la concurrence, le dumping social, la primauté du commerce international sur les droits humains.

• La misère et l’inaction climatique
Nous défendons l’idée de justice climatique. Quand certains parlent d’indépendance, nous parlons d’interdépendance entre les Etats et les peuples de la planète : L’Inde revendique, à juste titre, le droit à se prémunir contre les conséquences du dérèglement climatique. Parce que les futures guerres seront des guerres de l’eau, nous voulons faire de l’accès à l’eau pour tous un enjeu prioritaire. L’action climatique se financera par une taxe sur les superprofits des multinationales, les transactions financières spéculatives, un impôt européen sur la fortune, une taxe sur le dumping écologique et social...
Lutter contre la pauvreté nécessite de renforcer le Fonds Social Européen pour mieux soutenir l’accès des personnes précaires au logement, à la santé, à l’alimentation, à l’eau, à l’énergie... en matière de logement, sujet qui nous mobilise beaucoup en Bretagne, nous rappelons le principe 19 du Socle européen des droits sociaux : faire respecter le droit qu’ont toutes les citoyennes et tous les citoyens européens d’accéder à un logement social et abordable ou à une aide au logement de qualité. Pour cela, nous voulons un cadre commun aux villes et régions européennes, pour les dispositifs d’encadrement des loyers.

Pour une nouvelle sécurité collective.

Il nous faut inventer une sécurité collective débarrassée des délires de puissance, du néocolonialisme, fondée sur la coopération entre les peuples et entre les Etats

• La diplomatie a un rôle clé à jouer dans cette sécurité collective (prévention et résolution non militaire des conflits). La diplomatie européenne est sous dotée au regard des besoins.
Il nous faut des moyens diplomatiques en adéquation avec les enjeux géopolitiques, renforcer ses moyens budgétaires et humains, renforcer les actions de médiation et de réconciliation en lien étroit avec les ONG et l’OSCE, travailler à une paix juste et durable au Moyen-Orient, dans le respect des peuples palestinien et kurde.
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• Construire une politique migratoire fondée sur un accueil digne des personnes exilées...
Les États membres de l’UE fondent leurs politiques d’immigration sur le prétendu risque d’invasion étrangère. Le discours erroné de l’invasion est construit depuis l’Europe et l’UE omet de préciser que les migrations vers le Nord restent minoritaires par rapport aux mobilités internes notamment au continent africain. Le verrouillage des voies d’accès au continent européen décourage les départs légaux, complexifie les parcours migratoires et maintient les demandeurs d’asile à distance d’une protection internationale.
Nous contesterons énergiquement les moyens militarisés de l’agence Frontex, dispositif coûteux dont l’UE s’est dotée afin de repousser les ressortissants de pays tiers hors du territoire européen. Selon la LDH de Belgique, l’agence Frontex déploie des moyens disproportionnés pour combattre un ennemi qui n’en n’est pas un. Elle s’érige en « véritable armée au service de la politique migratoire d’une Europe forteresse, menant à armes inégales une guerre aux migrants qui n’ont rien de soldats ». Nous en demanderons un contrôle strict et lutterons contre son budget d’armement exponantiel.

• S’appuyer sur des forces de paix autres que politiques ou militaires et soutenir le tissage serré de réseaux :
Coopération scientifique : la science n’a pas de frontières. La coopération entre chercheurs de pays différents exprime les valeurs de dialogue, de partage et d’universalité. Nous encouragerons les co-publications internationales, la coopération entre laboratoires de pays différents, les programmes multilatéraux scientifiques...
Coopération culturelle : La diversité culturelle est notre atout. Nous soutiendrons les cultures minorisées et les droits culturels, les identités régionales, le dialogue interculturel et interctionvictionnel, la circulation des artistes, les jumelages entre villes ayant à affronter des problèmes communs (sociaux, urbanistiques...). Nous donnerons plus de moyens au programme Erasmus que nous ouvrirons à des populations peu concernées (jeunes travailleurs, personnes en situation de handicap...).
Coopération entres militantes des droits. L’égalité des genres et les droits des femmes doivent être un volet prioritaire de la politique étrangère de l’UE. Il nous faut conditionner la non-discrimination envers les femmes pour toute négociation avec les pays tiers, garantir le droit d’asile aux femmes victimes de persécutions et de violences en raison de leur sexe, atteindre la parité aux niveaux décisionnels de la diplomatie européenne.

3) La politique de Défense intervient en aval de ces mesures préventives.
L’arrimage à l’OTAN nous instrumentalise au service des intérêts des Etats-Unis qui pousse à une militarisation croissante. L’UE vient en renfort de l’OTAN mais ne permet en rien de gagner en autonomie vis-à-vis des USA. En revanche, elle soulage en partie les USA du poids financier de l’OTAN. Nous contribuerons à construire :
• Une Conférence paneuropéenne de type « Helsinki 2 », comme préconisée par le Mouvement de la Paix, en alternative à l’OTAN (ensemble des pays de l’Europe géographique). La participation de la Russie, inenvisageable aujourd’hui, fait partie d’un retour à la paix négocié politiquement.
• La réduction des budgets d’armements est un préalable à la désescalade dans les conflits Le complexe militaro industriel est le grand gagnant de l’instabilité du monde et n’a aucun intérêt à voir se développer la résolution non militaire des conflits.
• Dissuasion nucléaire : Nous sommes à Brest (3000 Hiroshima au fond de la rade !) et ne pouvons parler de Défense sans aborder la question de la dissuasion nucléaire, que celle-ci soit nationale ou Européenne. L’UDB est membre de ICAN, Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires et le refus de l’armement nucléaire fait partie de sa charte.
Croire que l’arme nucléaire nous assure une sécurité ou que c’est la meilleure garantie à la paix, est illusoire. Aujourd’hui il est clair que le fait de posséder l’arme nucléaire garantit l’impunité du Kremlin. L’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui s’appuie sur la menace d’emploi d’armes nucléaires, a entraîné une banalisation de ces armes de destruction massive. Il faut rappeler que ces armes sont interdites par le droit international (ONU : Traité d’Interdiction des Armes nucléaires). Elles alimentent la peur, l’insécurité, la course aux armements. Leurs objectifs sont prioritairement les villes car c’est là que sont les concentrations de population à anéantir en une fraction de seconde. Faire leur promotion n’est pas un acte réaliste pour assurer notre sécurité.

Un constat alarmant :
Depuis 1954, dans le cadre de l’OTAN, les États-Unis stationnent une centaine de bombes nucléaires dans 4 États européens (Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas ainsi qu’en Turquie) : Une dissémination d’armes nucléaires susceptible d’engendrer des accidents. Nos candidats rappellent avec insistance que l’article VI du Traité sur la non-prolifération (TNP) portant sur la négociation du "désarmement" est une obligation juridique contraignante et non un simple objectif.
L’européanisation de la dissuasion française, évoquée dès 2017 par le Président Macron, relève de la « pensée unique » : entre une Russie autoritaire et une possible nouvelle présidence Trump, suffirait-il vraiment d’armer l’UE pour assurer la Paix ? Ce serait ouvrir la boite de Pandore de la prolifération et rendre caduque toute critique à l’égard d’ une Russie qui poursuit son déploiement nucléaire en Biélorussie.

Au contraire , l’UDB et sa candidate travaillent à l’élimination progressive et équilibrée des armes nucléaires de la planète, pour contribuer à l’édification d’un monde plus sûr.
L’UDB, candidate aux élections européennes soutient le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) déjà signé par 93 Etats. En cas d’élection,notre candidate s’engage à

• Signer l’appel des parlementaires de la Campagne pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN)
• Proposer au premier trimestre 2025, année de la 80e commémoration des destructions de Hiroshima et de Nagasaki, une résolution de soutien au TIAN dans la perspective de la Troisième réunion des États-parties qui se déroulera du 3 au 6 mars au Siège des Nations Unies
• Participer à la délégation parlementaire lors de cette Troisième réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)

Ukraine Palestine

• La guerre menée en Ukraine par la Russie, le risque génocidaire à Gaza violent le droit international, en particuier le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il affirme qu’en vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel. Respecter la Charte des Nations Unies, c’est respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Les instances internationales doivent imposer un cessez le feu et un retrait des troupes russes avant toute négociation.
La Russie doit rendre compte de ses actes en Ukraine. L’UE qui mobilise déjà des ressources pour soutenir les enquêtes et la collecte de preuves doit poursuivre dans ce sens en contribuant aux capacités d’enquête de la Cour Pénale Internationale. Notre liste candidate est favorable au gel des 200 milliards € d’actifs de la Banque centrale et des 28 milliards € d’avoirs privés. Cependant, si le corridor de la solidarité et le soutien à l’économie ukrainienne ont permis à l’Ukraine d’exporter 66 millions de tonnes de céréales et d’oléagineux, sans quota ni frais de douane, il conviendra d’être plus exigeant concernant les cahiers des charges.
• En Palestine , respecter la Charte des Nations Unis doit commencer par mettre fin à la colonisation de la Cisjordanie qui équivaut à un transfert de la population israélienne vers les territoires occupés. Colonisation et transfert de population sont contraires au droit international. Les bombardements de civils, d’hôpitaux sont déclarés crimes de guerre. L’Europe, comme l’ONU doivent exiger un cessez-le feu immédiat et définitif à Gaza, une libération des otages et mener une action diplomatique en vue d’une résolution politique.La paix ne se fera que par l’application du droit qui mettra un terme à l’un des derniers faits coloniaux du XXIe siècle. Cela doit notamment passer par : a) la reconnaissance de l’État de Palestine avec sa capitale, Jérusalem-Est, suivant la ligne d’armistice de 1949, b) l’application des résolutions de l’ONU, notamment celle concernant l’article 11 de la Résolution 194 de l’ONU du 11/12/1948 concernant le retour des réfugié·es, c) le respect des conventions internationales sur les droits humains.
C’est le droit à l’autodétermination et à l’égalité des droits qui permettront la construction pacifique des sociétés palestinienne et israélienne.
• L’UDB et sa candidate à l’élection européenne s’associent à la mobilisation citoyenne hors de Palestine pour exiger la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, accord qui favorise l’économie militaro-industrielle du pays et de ses colonies (accord d’association, accord de coopération scientifique et technologique, etc.)


Résumé des propositions de « Réveiller l’Europe » avec Raphaël Glucksmann présentées par Frédérique Bonnard à l’Université européenne de la paix 23 mai 2024

L’Europe a été créée sur un projet de paix, pour rendre tout conflit entre les pays européens impossible.

Toutes les conditions d’une vie paisible et digne sont énoncées dans la déclaration universelle des droits de l’homme, et dans la déclaration des droits de l’enfant : égale dignité, égal accès aux droits, non-discrimination, nourriture de qualité, santé, éducation, logement salubre, accès à la nature, protection contre les violences, environnement sain…

L’Europe a malheureusement fait preuve de naïveté en croyant que la fin de la guerre froide et l’avènement du capitalisme étatique chinois allait, par la prospérité consumériste, nous mettrait à l’abri des conflits sur le sol européen et que le parapluie américain de l’OTAN, doublé de défenses nationales, comme celle de la France, seraient éternels : face aux menaces militaires russes, chinoises, entre autres, l’Europe doit se doter enfin d’une capacité politique à résister à l’offensive des dictateurs qui veulent la mort de nos démocraties.

Il n’y a pas de puissance politique sans puissance militaire. Notre liste défend une Europe puissante capable d’assurer sa propre sécurité.

D’abord en soutenant la résistance ukrainienne pour protéger nos frontières. Pour cela, nous proposons d’augmenter massivement notre soutien militaire à l’Ukraine, de saisir les 206 milliards d’avoirs publics russes gelés pour les affecter à l’aide à la résistance ukrainienne et de renforcer les sanctions contre le régime russe.

Ensuite en redevenant souveraine sur tout ce qui fait le pouvoir de vivre des Européens
Cela suppose de bâtir une défense européenne mais aussi de sortir de nos dépendances aux énergies fossiles comme aux biens stratégiques produits en Chine, de rompre avec le libre échange dérégulé, de réindustrialiser nos nations.

Le contexte géostratégique nous contraint à réarmer notre continent, par la mise en place d’un fonds de 100 milliards pour investir dans nos industries de défense et coordonner des achats et des commandes par la Commission Européenne.

Notre défense passe aussi par un renforcement de nos protections contre les ingérences étrangères en développant nos capacités de lutte contre la manipulation de l’information, les cyberattaques. Nous demandons une commission d’enquête sur les usages de TikTok en Europe et proposons une législation sur la protection de la démocratie.

La menace terroriste appelle, de la part des États-membres une meilleure coordination et la création d’un protocole européen de partage du renseignement.

Dans un monde où les ressources sont finies et deviendront rares, favoriser la paix suppose un accès juste à ces ressources et à ces biens et donc une relocalisation de la production en Europe : par exemple, avec un service public européen du médicament, et la constitution de stocks stratégiques.