L’Afrique est dans son ensemble soumise à des trafics d’armes légères soutenus.

Selon les époques les armes légères circulent d’un centre de conflit à un autre centre de conflit. Aucun pays ne fabrique d’armes (il est à noter une très petite production locale en particulier de munitions). Les fournisseurs sont nombreux malgré les embargos décrétés par les Nations Unis ou les organisations des états africains. Ces armes légères ou de police peuvent prendre l’aspect de véhicules légers (pick up avec mitrailleuse où lance missile, petits véhicules blindés) hélicoptères livrés avec pilote, etc...

La demande existe et offre des « opportunités » à bien des trafiquants.

La situation de déliquescence des Etats est idéale pour les trafiquants. Viennent se surajouter par contagion les autres trafics : drogues et trafics humains (migrants, mercenaires, enfants soldats), diamants et métaux rares. Comment par exemple faire passer de la cocaïne d’Amérique du sud en Europe ? Par les ports de la façade ouest déjà soumis à la piraterie qui s’est intensifiée ces dernières années dans le Golfe de Guinée, le reste du trajet se fait par voie terrestre ; de solides pourboires
ferment les yeux à ce qui reste des autorités locales. Certes le conflit Libyen a crée un afflux d’armes et de mercenaires mais cette source aurait pu se tarir, des armes sortent encore de ce pays (les fournisseurs : salafistes et trafiquants, ou les deux à la fois ?). Les gouvernements locaux participent aussi aux trafics, soit en facilitant, contre intéressement, le passage d’armes soit en faisant commerce de revente, le Burkina Faso semble très impliqué dans ce « commerce ».

Les intérêts de puissances extérieures sont en jeu. Les puissances impliquées sont pêlemêle Russie, Chine, Arabie Saoudite, Bulgarie, Qatar… (mille excuses à ceux que je n’ai pas cité) soit comme fournisseur d’armes soit/et comme demandeurs de matières premières ou encore comme bailleurs de fonds (les Wahabites Qataries en particulier). Les bandes armées sont manipulées et servent, outre les intérêts étroits de leurs chefs, les intérêts de leurs mentors qui ne sont assurément pas des sponsors. La République Centre Africaine (RCA) est l’exemple tout frais, j’espère qu’avant la publication de cet article un autre gouvernement fantoche ne sera pas défait par aussi crapuleux que lui.

L’intérêt des populations ? Sujet secondaire, c’est la corde sensible que l’on fait vibrer quand nécessaire !

La solution l’arrêt des pillages de ressources par les pays développés et la mise en œuvre de politiques qui ont pour objectifs le développement humain (éducation, politique sociale, infrastructures utiles, administrations sous contrôle pour limiter les effets délétères du népotisme et de la corruption).

Soit une politique en opposition totale avec l’ultralibéralisme qui a fini de mettre à genoux le semblant d’États laissés en héritage par le colonialisme (FMI et banque Mondiale principalement : politiques dites structurelles). Une redéfinition des territoires serait utile dans certains cas.

Le cas du Soudan scindé en deux après une guerre terrible pourrait servir d’exemple à d’autres (Mali par exemple). Je n’ai pas cité la France qui est impliquée depuis des décennies et est toujours un acteur important dans ce désastre.

Michel Voisset, Orange Bleue, numéro 85, avril 2013

Le GRIP (Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la sécurité) a édité un rapport sur le trafic d’armes légères en Afrique de l’ouest : Côte d’Ivoire et Mali, au coeur des trafics d’armes en Afrique de l’Ouest. Voir le site : grip.org

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