Toujours pas de vaccin français anti-Covid-19 !

« La crise sanitaire de la Covid‐19 a mis en lumière plusieurs insuffisances du secteur de la santé en France. La recherche d’un vaccin a ainsi montré que la France, pays inventeur du vaccin, peine à exister dans cette course à l’innovation. Par ailleurs, en termes d’approvisionnement, cette crise a révélé la grande dépendance de la France à la Chine…un constat central : celui d’un important retard français dans le secteur de l’innovation et de la production pharmaceutique. » (*)

Nos chercheurs seraient-ils plus mauvais que les chercheurs anglais, américains, russes ou chinois ? Rappelons quand même que ce sont des chercheurs français qui ont été couronnés en 1965 par le prix Nobel de médecine pour leur découverte de l’ARN messager. Et la France passe complètement à côté du développement d’un vaccin anti-Covid-19.

Le groupe Sanofi, 3e rang mondial en chiffre d’affaires, fleuron de l’industrie pharmaceutique française, était très attendu à l’occasion de la Pandémie de Covid-19. Cependant, la suppression massive de son activité de recherche (-45% en douze ans) ne lui a pas permis d’être un acteur significatif de la double course mondiale au vaccin et au traitement.

Depuis 2016 Sanofi mène une politique mondiale d’acquisitions de sociétés pharmaceutiques et parallèlement elle réduit ses activités et son personnel en France. Elle participe à la fabrication du vaccin Pfizer, mais à Francfort…
Début 2021, en pleine épidémie et alors que la firme a touché 1,5 milliards d’euros de Crédit d’impôt recherche en plus de bénéfices records (12 milliards d’euros, soit 340% de mieux que l’année précédente), le groupe Sanofi annonce encore la suppression de 364 postes de chercheurs, et le versement de 4 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires.
La recherche scientifique ne fait pas partie des priorités françaises. Un chercheur en France, quand il a la chance d’être embauché, débute autour de 2.000 € brut par mois, plus du double en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Nombre de jeunes chercheurs émigrent, particulièrement vers les Etats-Unis.

Ce n’est ni à Science Po, ni à l’ENA, ni dans les grandes écoles de commerce que ces chercheurs sont formés, mais à l’Université. Pourtant, les « décideurs » sortant de ces écoles font plonger la France dans des choix économiques désastreux. Les limites et la nocivité de leur politique du profit immédiat sont atteintes.

Et pendant ce temps là...

Alors que la désindustrialisation de la France, depuis 50 ans, ne fait que s’accélérer, l’industrie militaire, elle, ne s’est jamais aussi bien portée. Les ingénieurs et chercheurs civils seraient-ils moins bons que leurs homologues militaires ?

En 2020, le budget de la Défense était de 37,6 milliards d’Euros, mais surtout la loi de programmation militaire 2019-2025, du gouvernement actuel, prévoit une augmentation constante de ce budget afin d’atteindre rapidement les 2% du PIB. Depuis 2016, la France est redevenue le 3e exportateur mondial d’armes, alors qu’elle recule à la 7e place pour le PIB.

Joël Rolet, l’Orange Bleue, n°124

(*) FOCUS, N°053-janvier 2021