Sans entrer dans la nostalgie des « Hirondelles »- agents de police ainsi nommés à cause de leur cape flottante qui sillonnaient les rues à bicyclette, plus pour tranquilliser la population que pour poursuivre d’éventuels malfrats- le policier d’aujourd’hui a perdu de vue depuis longtemps le sens profond de son appellation de Gardien de la Paix, lien pacificateur au sein d’une société qui se voudrait harmonieuse et bienveillante. De la pèlerine et du bâton blanc on est vite passé aux « voltigeurs » de Pasqua avec les conséquences dramatiques de leurs actions.

Les années passant l’armement n’a cessé de se « perfectionner », singulièrement payé par les contribuables qui en subissent les méfaits par les graves blessures qu’il occasionne.

Cette évolution du monde policier (aujourd’hui force de l’ordre !...) dans le rôle que lui font jouer les différents pouvoirs l’a non seulement éloigné de la population mais a largement contribué à dresser l’un contre l’autre : « Madame nous ne sommes pas du même camp », pérorait le préfet Lallement, révélant ainsi sa conception de la police du 21ème siècle. La sécurité du peuple serait-elle dorénavant sacrifiée au profit d’un clan qui se serait approprié l’état et utiliserait la police comme son bras-armé ?… De telles réactions de la part d’un personnage censé représenter la neutralité de l’état ne peuvent qu’exacerber les sentiments d’hostilité de chaque côté de cette barrière dressée entre police et citoyens.

« La République se veut une et indivisible, mais lorsque la préfecture de police de Paris diffuse des images montrant des habitants de quartiers chics qui applaudissent des policiers contre des personnes manifestant pour plus de justice sociale et politique : pas sûr que l’institution en ressorte grandie » (David Dufresne réalisateur du film « Un pays qui se tient sage »).

Les effets de cette politique sont ressentis au sein d’une police nationale en partie gangrenée par une idéologie de la haine se traduisant selon un sondage de janvier 2017 par 52 % d’intention de vote en faveur de Marine Le Pen.

Il faut que s’arrête cette spirale de la violence. L’agent de police dans la rue, dans le quartier doit revenir à l’image du pacificateur que lui a ôtée Sarkozy, même si parfois cette fonction est jugée moins valorisante par les intéressés et de fait moins conforme à leur éthique, mais on n’éteint pas un feu qui couve en soufflant sur les braises.

Privilégier la prévention à la répression des conflits reste le seul moyen de modifier ces mauvais rapports police-citoyens.

Y. P
L’Orange Bleue, n° 122

1960

2020