De Minneapolis jusqu’à Brest (photo ci-dessus) ce slogan s’est imposé dans toutes les manifestations contre le racisme et les violences policières qui ont suivi le meurtre par étouffement de George Floyd.

La complaisance des autorités américaines vis-à-vis de crimes perpétrés contre sa minorité noire a soulevé une vague d’indignation mondiale...ramenant notre pays et plusieurs autres à leurs propres errements, leur passé esclavagiste et colonial, source encore aujourd’hui de la déconsidération, de l’atteinte aux libertés et d’agressions allant parfois jusqu’au meurtre dont est victime une partie de leur population.
Un mouvement salutaire de remise en cause de symboles de ces temps peu glorieux de notre histoire s’est rapidement développé, sans doute avec quelques excès. S’il ne s’agit pas de tout effacer, de déboulonner les statues de Christophe Colomb ou de censurer une œuvre cinématographique comme Autant en emporte le vent, tout de même certaines personnalités symboliques de ces époques méritent d’être descendues de leur piédestal.

Ainsi à Brest doit-on encore accepter qu’une école porte le nom du maréchal Bugeaud, l’un des colonisateurs les plus sanguinaires de l’Algérie, responsable tristement célèbre des enfumades dans les grottes du Dahra des populations kabyles, hommes, femmes, enfants, vieillards par centaines et sans distinction ? Et quelle référence éducative pour les enfants qui fréquentent cette école !

Voilà plusieurs années, qu’avec d’autres, l’Université Européenne de la Paix demande qu’un autre nom soit donné à cette école, un nom qui nous parle de paix et non de guerre. On peut espérer que l’ampleur du mouvement de contestation des symboles de ces période sombres de notre passé fera prendre conscience à nos édiles de l’urgence de déboulonner celui-là. Nous y serons en tout cas très vigilants.
Et pendant ce temps là, au large de Penmarc’h, la Marine Nationale testait un nouveau missile. Un missile capable d’emporter une charge nucléaire soixante fois plus puissante que celle de la bombe d’Hiroshima. En cette année du soixante quinzième anniversaire des crimes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki qui firent plusieurs centaines de milliers de morts exhiber une telle arme, capable d’un seul coup d’en faire périr des millions, a quelque chose d’obscène ! Ici ce n’est plus d’un crime contre une minorité dont il s’agit, mais, potentiellement, d’un crime contre l’humanité toute entière.

Cette perspective ne devrait-elle pas lever un mouvement de protestation d’ampleur au moins égale à celle que vient de provoquer la défense des minorités stigmatisées ?

Roland de Penanros, L’orange Bleue, n° 120