Dans un an Brest connaîtra à nouveau l’effervescence de ses fêtes maritimes. Représentée par les deux plus grands voiliers du monde - le Sedov et le Krusenstern - la Russie en sera l’invitée d’honneur.

Certains sans doute s’étonneront d’une telle prévenance à l’égard d’un pays accusé tant en Syrie qu’en Ukraine d’alimenter la guerre. Alors qu’à Saint-Nazaire on le sanctionne en interdisant la sortie de ses deux BPC*, à Brest on lui déploierait le tapis rouge !

Pour notre part, nous nous félicitons que les organisateurs de ces fêtes ne se soient pas conformés à l’ostracisme ambiant vis-à-vis de la Russie qui a conduit notamment notre président à ne pas participer aux commémorations du 70° anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, le 9 mai à Moscou. Comme si Stalingrad et les millions de soldats russes morts sur le front de l’Est pour nous libérer du joug nazi ne méritaient pas un tel hommage !

Quels que soient les griefs que l’on puisse avoir à l’encontre de ce pays – et d’abord celui de l’annexion de la Crimée au mépris du droit international – rien de positif ne peut résulter d’une telle attitude.

Isoler pousse au repli sur soi, à la radicalisation des positions, à l’exacerbation des tensions et à la guerre. C’est tout le contraire que préconise l’éducation à la paix. Aussi, profitant de l’intérêt pour la Russie suscité par la venue de ces deux ambassadeurs, nous inviterons des spécialistes en géostratégie et relations internationales à venir nous apporter sur ce nouveau conflit Est Ouest un éclairage complet, y compris des motifs de la partie adverse. C’est souvent en s’efforçant de se mettre à la place de l’autre, que l’on établit en effet les conditions d’une résolution pacifique des conflits.

Les fêtes 2016 seront aussi, nous dit-on, l’occasion d’un rapprochement entre Mourmansk -le port d’attache du Sedov- et Brest. Mourmansk avec sa base de SNLE, c’est, toutes proportions gardées, Brest et l’île Longue : un pôle stratégique de dissuasion nucléaire, une menace constante pour la sécurité sanitaire des populations riveraines, et à terme un démantèlement et une reconversion à mener. Prendre appui sur ce parallèle pour relancer le débat sur le nécessaire désarmement nucléaire et la reconversion des activités nucléaires en rade de Brest sera pour l’Université Européenne de la Paix une autre façon encore de contribuer à faire de Brest 2016 un temps fort pour la paix.

Roland de Penanros

* navire de guerre dit « Bâtiment de Projection et de Commandement »