La liesse populaire de la libération présageait-elle de soixante-dix années d ’ une « longue paix » ? Il est vrai que, si jusqu’en 1945 la définition d’une guerre se résumait à un affrontement entre grandes puissances, nous n’avons pas connu depuis cette date de conflits majeurs méritant ce qualificatif. Ce n’est pas pour autant que le monde moderne s’installait dans le calme et la sérénité. Dès les lendemains du 8 mai apparaissait une nouvelle formule reflétant les tensions existant entre Etats-Unis et Union Soviétique : « la guerre froide ». La Corée, le Vietnam, inauguraient les conflits par procuration, suivait l’invasion par l’URSS de l’Afghanistan qui devait dégénérer et enflammer le moyen-orient, aidant à l’instauration d’un islamisme radical.
La chute du mur de Berlin, symbole de l’effondrement du bloc de l’est, a donné de nouvelles formes aux luttes d’influence des principales puissances mondiales. Une telle situation permet aujourd’hui les dérives interventionnistes engagées par les Etats-Unis et l’OTAN dans différentes contrées du globe, uniquement guidées par les intérêts des multinationales, dont les lobbies de l’armement. Les sources de richesse épuisées, les peuples sont laissés à leurs désespérances, en proie à leurs divisions internes, et livrés à l’appétit de divers groupes terroristes diffusant des idéologies archaïques et criminelles.
Ces guerres nouvelles , le cortège des misères qui accompagnent des populations affamées , sans abris, face à des gouvernements déstabilisés ou dictatoriaux,laissent présager un avenir sombre , avec des répercussions déjà ressenties sur le reste de la planète. Face à cette situation les seuls remèdes qu’apportent les grandes puissances se réduisent à des réactions militaires étroites, à la fourniture d’armes aux belligérants, générant ainsi un marché lucratif et non contrôlé, nouveau pôle d’insécurité. La protection de ces populations ne se fera pas par les armes. Dans l’immédiat la cessation des conflits ne peut se régler que sur le plan politique, à l’initiative d’une ONU réformée, à l’écoute des intérêts des peuples. Malgré cela, et quelles que soient les initiatives en faveur de l’arrêt des hostilités, le monde ne connaîtra de repos que s’il est effectué en amont un travail profond sur la « Sécurité Humaine » , consistant en premier lieu à aider au développement des pays concernés. Nous avons déjà eu l’occasion de traiter ce sujet dans l’Orange Bleue, il est plus que jamais d’actualité : « Les causes fondamentales de l’insécurité et des conflits tiennent souvent à l’incapacité d’enraciner le développement, car non seulement la faiblesse du développement conduit au conflit, mais le conflit lui-même fait s’évanouir les possibilités de développement ».Suzan Wilett ( chargée de recherche à l’Université du Sussex R.U.)

Yvon Pichavant