Malgré les nombreuses réserves formulées, la commission d’enquête vient de rendre un avis favorable à l’important projet d’aménagement du port porté par la Région. En fait ce sont deux projets distincts.
L’un concerne la friche du polder qui reste inexploitée depuis sa création.
La construction de quais et la viabilisation de cette zone vont permettre l’installation d’une industrie de montage de matériels pour les Energies Marines Renouvelables (EMR). La Région pense que 500 à 1000 emplois seront ainsi créés à terme.
Le deuxième projet consiste en un approfondissement des accès du bassin commerce (quai au soja, quai de réparation). Ce projet n’aura aucun impact direct sur l’emploi, il facilitera l’accessibilité du port essentiellement pour le trafic agroalimentaire. La réparation navale peut aussi profiter de cette amélioration en particulier si le projet de DAMEN de faire de Brest un chantier de réparation de paquebots se concrétise.

Le principal impact de ces aménagements sur la rade et le milieu naturel sera la création d’une extension au polder de 14 hectares. Les responsables du projet ont imaginé cette solution de facilité pour le stockage des sédiments de dragage. L’utilité à terme de cette extension pour les EMR reste fragile. Les marchands de matériaux de carrière y trouvent eux un grand intérêt naturellement (environ 700 000m3).

Nous pensons que ce projet d’aménagement pourrait gagner en dynamique à l’image de ce qui se passe entre Saint Nazaire et Cherbourg. Pour nous les politiques de ces deux ports ont des vues à long terme qui tranchent nettement sur l’apathie brestoise. Leur projets sont intégrés, les EMR étant une opportunité pour valoriser leur bassin d’emploi.

A Brest nous avons un besoin énorme d’emplois industriels, car le tertiaire cher à nos édiles rime trop souvent avec précarité. Nous n’aimerions pas que les EMR deviennent comme hier les plateformes SFX ou les constructions militaires de type Mistral des réalisations sans lendemain. Le montage de structures métalliques -dont les parties complexes seront réalisées à Saint Nazaire- et l’assemblage des éoliennes nous font craindre un projet sans suite. Les hydroliennes et les éoliennes flottantes sont encore en voie de recherche développement. Il faut donc créer les conditions pour que Brest transforme cet essai (montage des éoliennes posées du champ de Saint Brieuc) en véritable filière industrielle. Associé à la réparation navale et à la déconstruction de navire* l’ensemble aurait du sens.
Une chance à saisir.

Michel Voisset

* La décision récente de faire déconstruire le Captain Tsarev ailleurs qu’à Brest témoigne malheureusement du peu d’intérêt des autorités à tous les niveaux pour l’installation sur place d’une filière de déconstruction.