Positionnement de l’UEP sur le nucléaire militaire
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Texte adopté à l’issue de la journée d’étude "Libérer le monde de l’arme nucléaire" qui s’est tenue en mairie de Brest le 8 avril 2010.

1° L’UEP milite pour le règlement pacifique de tous les conflits.
Le Droit International, la Charte et les résolutions de l’ONU sont pour nous les seules armes qui devraient être utilisées pour résoudre les conflits entre Nations.
En cas d’échec de sa médiation, pour faire respecter les règles définies par la communauté des nations, l’ONU devrait être la seule entité dotée de moyens coercitifs d’intervention extérieure. Une ONU elle-même réformée qui prendrait mieux en compte le bien commun des peuples et qui se serait affranchie de sa dépendance aux grandes puissances guerrières.

2° Cette approche résolument « civilisée » des relations internationales a comme corollaire une réduction drastique des budgets de défense des nations et la mise sous tutelle internationale de leurs arsenaux militaires.

3° Affectés à l’aide au développement, au combat contre la misère et pour l’accès de tous aux biens fondamentaux, les budgets ainsi dégagés, en créant les conditions premières d’une véritable sécurité humaine, pourraient plus efficacement que les armes contribuer à la construction d’un monde de Paix.

Dans le cadre de ce projet global, le désarment nucléaire est pour l’UEP la priorité des priorités.
Comme il est rappelé en introduction du rapport de la commission internationale 2009 sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire : « (les armes nucléaires) sont les seules armes jamais inventées qui sont capables d’anéantir toute vie sur la planète, et les arsenaux existants suffiraient à le faire plusieurs fois…Tant qu’une telle arme existera, il est illusoire de penser qu’elle ne sera pas utilisée que ce soit par accident, par erreur, ou intentionnellement. Un tel usage serait catastrophique. Le fait que le monde y ait jusqu’à présent échappé est le fruit du hasard. »

La prolifération nucléaire qui s’est accélérée depuis la fin de la guerre froide a accru à tel point le risque d’une conflagration nucléaire que les opinions publiques et les responsables politiques des principales puissances nucléaires commencent à prendre réellement au sérieux le problème. Pour preuve la multiplication ces dernières années des prises de position d’hommes politiques et de diverses personnalités en faveur de l’abolition de l’arme nucléaire.

A l’UEP nous nous inscrivons pleinement dans cette démarche et soutenons toutes les initiatives susceptibles de renforcer le TNP que se soit la reprise officielle du processus de désarmement entre les Etats-Unis et la Russie dans le cadre des nouveaux accords STARTi, la ratification du TICE (traité d’interdiction complète des essais nucléaires) par les Etats-Unis, la mise en place d’un traité d’interdiction de production des matières fissiles (FCMT), la création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires – le Moyen Orient bien sûr mais aussi l’Europe qui pourrait devenir la première zone dénucléarisée de l’hémisphère nord.

Nous pensons cependant que le renoncement définitif à l’arme nucléaire ne pourra s’obtenir sans un vaste mouvement d’opinion au plan international. Un mouvement encore plus fort, compte tenu des intérêts en jeu, que ceux qui ont réussi à imposer successivement l’abolition des mines antipersonnel puis tout récemment des bombes à sous munitions.
Cette bataille de l’opinion à laquelle nous sommes partie prenante est difficile à mener en France du fait du poids particulier qu’y occupe le lobby nucléaire. A ce propos nous dénonçons la politique de notre pays qui, au risque d’alimenter la prolifération nucléaire - et de ce fait en totale infraction avec ses engagements dans le cadre du TNP- développe une politique de vente tous azimuts de centrales et technologies nucléaires civiles.
Nous dénonçons également les « pseudo efforts » de la France en matière de désarmement nucléaire (réduction d’un tiers de sa composante aéroportée) alors que parallèlement des sommes considérables sont investies dans la modernisation de son arme nucléaire (laser megajoule, M51).
Nous nous inquiétons aussi beaucoup de la dérive d’usage de l’arme nucléaire telle qu’elle transparaît dans le discours de Cherbourg du 31 mars 2008 dans lequel pour la première fois est évoquée la possibilité de son emploi à titre préventif.

Face à toutes ces entorses aux engagements pris par notre pays dans le cadre du TNP qui témoignent pour le moins d’une réticence à pousser plus avant sur la voie du désarmement nucléaire, nous nous associons à l’appel lancé par 94 personnalités françaises le 23 janvier dernier pour que la France s’engage par de nouvelles mesures dans un processus de désarmement nucléaire multilatéral et soutienne à l’ONU le projet de convention d’élimination des armes nucléaires voté par plus de 120 Etats lors de l’assemblée générale de l’ONU de 2007 et approuvé par le parlement européen le 26 avril 2009.

Orange Bleue n°71 Juin 2010