Sollicitée de toute part pour une éventuelle entrée dans l’OTAN - déclarations du Secrétaire général, récente visite du commandant en chef aux autorités de Kiev - , l’Ukraine par la voix de son président Porochenko, se prépare à l’organisation d’un référendum au niveau national pour statuer sur la question. Outre le fait que les règlements internes à l’organisation ne permettent pas d’intégrer dans l’alliance les pays ayant des litiges territoriaux, une telle action serait ressentie comme une provocation, et par suite, une cause supplémentaire de tension dans cette région. Cette stratégie mûrement réfléchie, intégrerait dans le giron de l’OTAN, après la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, un nouveau pays de l’ex « Pacte de Varsovie », ceci malgré les promesses faites à Gorbatchev en 1991. Cette absorption en tant que membre à part entière, aurait pour conséquence l’occupation de tout le front occidental de la Russie, permettant ainsi l’installation de bases aériennes, rampes de lancement et autres menaces armées ; nouveau « cordon sanitaire » dominé par les Etats-Unis, nous ramenant aux relents nauséabonds de la guerre froide.

Le 25ème anniversaire de la chute du mur à Berlin a permis d’affirmer diverses prises de positions sur les volontés de paix. Mikhaïl Gorbatchev devait rappeler l’occasion ratée à l’époque, de démilitarisation des deux blocs en présence, pour une revendication par l’occident d’une domination mondiale. L’effondrement de l’URSS, son retrait de l’Europe de l’est, aurait dû signifier la fin de tout rôle pour l’OTAN, pourtant, l’organisation atlantique n’a cessé de se renforcer au cours des années. La physionomie des conflits, comme nous le montrent les actes terroristes à travers le monde, ne justifie en rien cette extension tentaculaire à l’Est, si ce n’est de considérer la Russie comme l’ennemi potentiel. Les désirs légitimes de changements du peuple ukrainien ont été confisqués aux profits stratégiques des deux principales puissances en présence, USA et Russie. Il est dommage pour la recherche d’un règlement pacifique du conflit, que par le truchement d’une organisation militaire, vingt huit pays puissent se sentir engagés dans cette aventure.

L’OTAN « creuse sous l’Ukraine ». Adoptera-t-elle la même attitude avec la Moldavie qui vient de voter à une faible majorité pour les proeuropéens ?... Avant que ne se réavive le feu à l’Est, il est temps que les forces de paix se désolidarisent de toutes actions agressives, pour la recherche de points de convergence, et progressivement imposer la dissolution de la machine de guerre.

Yvon Pichavant
Parution Orange Bleue, n° 93, décembre 2014