Introduction au débat /

Questions sur le conflit syrien.

Avec l’emploi d’armes chimiques la crise syrienne vient d’atteindre un paroxysme qui nous a amené à deux doigts d’une guerre dont nul ne pouvait mesurer les conséquences.

Maintenant que la tension a un peu baissé, que les passions sont retombées et que la raison semble reprendre le dessus, il nous a paru important de tirer les leçons de la grave crise que nous venons de vivre.

Cette réflexion, nous avons souhaité la mener dans un cadre élargi en invitant à en débattre au delà des membres de l’UEP tous ceux qui autour de nous, à titre personnel ou au nom d’associations et organisations diverses, considèrent qu’au plan international c’est par l’action diplomatique et l’élaboration de règles de droit communément acceptées et non par la persuasion des armes que se construit un monde de paix.

Comprendre le conflit syrien, comprendre comment en quelques jours ce conflit jusque là circonscrit a failli dégénérer en une guerre de dimension peut être mondiale. Comprendre pour trouver les formes efficaces d’intervention pour venir en aide au peuple syrien martyrisé. Comprendre pour mieux parer à l’avenir aux menaces de conflit généralisé dont peuvent être porteuses les crises localisées.
Tel est le but de notre rencontre aujourd’hui.

Le conflit syrien est porteur de beaucoup de questionnements sur lesquels chacun sera invité à s’exprimer. Sans prétendre à l’exhaustivité :

  • ingérence humanitaire contre souveraineté des États
  • armer ou non les forces de l’armée syrienne libre ? Et si oui lesquelles ?
  • A quoi sert l’ONU ? Faut-il et comment la réformer ? Ou passer à une autre forme d’organisation internationale ?
  • Le rôle des média. Comment on fabrique l’opinion et comment on y résiste ?
  • Le rôle des grandes puissances, les intérêts en jeu.
  • Quel rapport avec le conflit israélo/palestinien ?

R. de Penanros

La rencontre proposée par l’Université Européenne de la paix pour un échange sur la Syrie, le 4 octobre, a donné lieu à un très large échange. De nombreux aspects de la situation ont été évoqués : l’aide humanitaire, le rôle de l’ONU, le respect des conventions internationales, les manipulations de l’information, le rejet de la guerre par les opinions publiques et la nécessité de privilégier la négociation, le possible rôle nouveau de l’Iran,...
Cela montre l’intérêt d’échanges libres entre nous.

Nous donnons ci-dessous quelques libres propos sur la question. Vos remarques seront les bienvenues...

Négociations !

Au delà de l’horreur, le conflit syrien a mis en évidence les bienfaits de la concertation, avant ceux de la négociation que nous espérons dans le plus brefs délais. Le manichéisme ambiant , entretenu par les médias, présente les antagonismes au moyen-orient comme un affrontement entre les bons occidentaux ( France, USA ) et les méchants, Russie, Iran ;

Les contacts établis ces derniers temps pour la recherche d’armes chimiques en Syrie, pourraient permettre, version optimiste, de ramener un calme relatif dans cette région. Le changement de gouvernement en Iran, les déclarations lénifiantes du président Rohani à propos du nucléaire, les relations bien que brèves avec les présidents Hollande et Obama nous confortent dans cette optique.

Mais c’est là peut-être, un jugement rapide, qui ne tient pas compte de la situation intérieure de l’Iran , où les forces conservatrices n’acceptent pas sereinement la nouvelle politique étrangère du nouvel élu. Ce serait aussi sans compter sur la présence menaçante d’Israël, seule dans cette région à posséder l’arme nucléaire, et qui justifie cette possession par une soit disant menace iranienne. Observant les hésitations d’Obama pour une intervention en Syrie, Israël peut craindre que celles-ci se reproduisent encore plus fortement pour une éventuelle attaque sur l’Iran, l’amenant ainsi à intervenir seul, selon un désir déjà exprimé par Netanyahou.

Une telle situation montre la fragilité de la diplomatie au Moyen Orient en l’absence de réelles négociations entre les forces en présence. L’ONU pourrait y jouer pleinement son rôle.

Y. Pichavant

Garder un regard critique face aux manipulations de toutes sortes 

Comment contribuer à protéger le peuple syrien, victime de plusieurs formes de barbaries ?

Le clan Assad et le clan djihadiste manipulent l’information chacun de leur côté.
Et pendant ce temps les démocrates syriens subissent les bombardements de l’armée d’Assad et les exactions des djihadistes, les réfugiés se comptent par millions...

Du coup l’opinion publique, désemparée, n’intervient pratiquement plus alors qu’une des voies serait sans doute qu’elle intervienne, au contraire, avec force, au niveau mondial, pour soutenir le peuple syrien.

Il faudra bien aussi exiger que l’ONU joue pleinement son rôle, pourquoi pas en contournant le veto du Conseil de Sécurité par un recours, prévu, à l’Assemblée Générale ?
Quoi qu’il en soit ça ne se fera pas sans intervention populaire.

Hervé Cadiou.

Point de Vue

L’UEP avait, dans un numéro de l’OB, dit craindre la guerre civile en Syrie. La victime est connue d’avance : le peuple, je veux dire les gens modestes.
La guerre est là avec son cortège de crimes et de malheurs. 2 millions de réfugiés en Jordanie 1 million au Liban. Environ 130 000 morts, combien de corps meurtris, d’enfants mutilés ?

Si on connaît avec force détails le clan d’un méchant (le clan criminel des El Assad), de l’autre côté le morcellement en factions rivales voire ennemies rend la compréhension difficile. Le soutien d’une partie significative de la population au clan El Assad implique que seule la négociation viendra à bout de ce conflit. Le départ précipité (Tunisie) ou la mort (Libye) d’un dictateur ne sont, au mieux, que le point de départ d’un long processus au sein d’une société.

Pour l’UEP association d’éducation populaire, l’enjeu est de faire en sorte que les citoyens brestois soient en capacité de comprendre les enjeux à long terme, mais nous n’avons pas de solutions en kit. Les États et les organisations internationales doivent être en tête pour négocier un retour gradué à la Paix. Nous, citoyens, nous pouvons faire en sorte que le principal intéressé, le Peuple Syrien et toutes ses composantes, soient en mesures de faire ses choix de société.

Michel VOISSET