Ainsi l’Iran renonce à l’arme atomique. Sale temps pour les nucléocrates qui tiraient argument de la menace iranienne pour « ne pas baisser la garde nucléaire », comme ils disent.

On comprend la fureur des faucons israéliens. Alors que l’hypothèque d’une attaque nucléaire iranienne est levée, que l’arme de destruction massive du pauvre de son voisin syrien est désormais sous contrôle, comment justifier le maintien de leur arsenal nucléaire ?

Et si les grandes puissances mettaient maintenant la même détermination à obtenir le désarmement nucléaire d’Israël, comment pourraient-ils s’y opposer et empêcher que ne se réalise le vœu exprimé par la communauté internationale de faire du Moyen Orient une zone exempte d’armes de destruction massive ?

Les réserves françaises portées sur l’accord iranien, relèvent en partie de mêmes inquiétudes. Déjà que, austérité budgétaire aidant, le consensus de façade sur la dissuasion nucléaire craque de toute part*, si en plus la menace s’estompe, plaider le maintien à grands frais d’une arme de moins en moins utile devient très compliqué.

Le nucléaire militaire est mal en point, un peu partout son devenir fait débat. Chez nos voisins britanniques, dans la perspective du vote référendaire de 2014 sur l’indépendance de l’ Ecosse où sont regroupées leurs forces nucléaires, l’éventualité d’un abandon pur et simple de l’arme nucléaire est aujourd’hui envisagé. Et pendant ce temps là, chez nous, le devenir de la dissuasion nucléaire n’est toujours pas à l’ordre du jour. Politiquement irresponsable, le refus obstiné de nos gouvernants successifs d’engager le débat sur ce sujet essentiel qui laisse supposer la faiblesse de leurs arguments – est aussi démocratiquement intenable.

A nous, mouvements de paix, de forcer le mur du silence, de réveiller l’opinion afin de faire de ce débat une exigence citoyenne. C’est à quoi nous continuerons à nous employer à l’UEP en provoquant des rencontres comme le mois dernier avec J.M.Collin autour de son ouvrage « La bombe », en s’associant à des rassemblements comme au Faou ou à l’île Longue pour dénoncer les risques du nucléaire militaire mais aussi du civil et stigmatiser le gaspillage de moyens qu’il génère.

La position des partisans du nucléaire militaire n’a jamais été si fragile, à nous d’en profiter et d’enfoncer le clou.

Roland de Penanros
Article paru dans l’Orange Bleue numéro 88

* cf sur le blog de JeanMarie Collin (alternativeseconomiques.fr/blogs/collin/)
ses compte rendus des séances parlementaires relatives à la loi de programmation militaire