PAIX, SECURITE, DEFENSE  : URGENCE D’UN DEBAT AU NIVEAU EUROPEEN

Lors du débat sur le projet du Traité Constitutionnel Européen l’UEP avait organisé un débat public sur les aspects du traité concernant ce sujet dont nous contestions totalement l’esprit de soumission aux critères définis par l’OTAN.

A cet égard force est de constater l’absence de démocratie en ce domaine comme sur l’ensemble de la politique économique avec un organe de gouvernement, la commission européenne, sans responsabilité vis-à-vis des populations et au service du système ultra-libéral mondial

Alors que l’Europe se targue d’avoir éradiqué la guerre sur son territoire, nous voyons grandir, avec inquiétude, des nationalismes fascisants. Ceux-ci se nourrissent, pensons nous, des mesures d’austérité et d’atteintes aux services publics que la commission cherche à promouvoir.

Or, nous sommes persuadés que l’Europe pourrait apporter une contribution originale à la construction d’un monde de paix en prenant résolument la voie de la justice sociale et de la démocratie.

H.C.

L’attribution en 2012 du prix Nobel de la paix à l’Union Européenne lui confère une responsabilité particulière : celle de l’exemplarité.

La Charte des Nations Unies, signée à l’issue de la deuxièmes guerre mondiale par la quasi totalité des États du monde, marque la volonté profonde de la communauté internationale de préserver les générations futures du fléau des guerres en privilégiant des modes pacifiés de résolution des tensions et conflits pouvant survenir entre ses membres. Elle fixe un cadre pour des relations civilisées entre États auquel une Europe auréolée de son prix ne saurait déroger.

Le respect de la charte (ce qui n’interdit pas d’agir pour l’améliorer) et des résolutions qui en découlent devrait conduire l’Europe à prendre un certain nombre de mesures

D’abord proscrire l’arme nucléaire.

C’est la seule décision cohérente avec la résolution 1653XVI de l’ONU qui stipule que l’emploi d’armes nucléaires et thermo-nucléaires est contraire à l’esprit, la lettre et aux buts de la Charte des Nations Unies et constitue en tant que telles une violation directe de la Charte. 

Renonçant à son propre armement nucléaire ainsi qu’à l’accueil sur son territoire des armes nucléaires de pays tiers (les euro missiles américains installés en Belgique, Allemagne et Italie), l’Union Européenne pourrait accéder au statut onusien de Zone Exempte d’Armes Nucléaires (ZEAN), la première du monde occidental.

Rompre tout lien avec l’OTAN.

La condamnation du nucléaire militaire ne peut être qu’absolue. Elle ne peut s’accommoder d’un emploi par procuration de l’arme nucléaire. S’en remettre in fine pour sa défense au bouclier nucléaire américain, ce que sous-tend toute adhésion à l’OTAN, n’est dès lors plus concevable. Le renoncement au nucléaire militaire implique de facto la sortie de l’OTAN des pays de l’Union Européenne qui en sont actuellement membres ainsi que la rupture de tout lien entre l’Union Européenne et l’OTAN (partenariat, opérations conjointes).

Réduire les dépenses militaires de l’Europe

Si le maintien de la paix et la sécurité internationale nécessitent dans certaines circonstances le recours à la force, le détournement vers les armements de ressources humaines et économiques doit être limité au maximum. Le respect de ce principe de sobriété énoncé à l’article 26 de la Charte des Nations Unies devrait conduire l’Europe à s’engager dans un processus de désarmement.

En l’absence de menace sérieuse rien ne saurait aujourd’hui justifier le maintien par certains de ses membres d’un niveau élevé de défense ; qui plus est dans une Europe débarrassée demain du fardeau nucléaire et affranchie de toute tutelle américaine.

Aujourd’hui en moyenne de l’ordre de 1,5%, le poids des dépenses militaires dans le produit (PNB) des nations européennes devrait pouvoir encore baisser sans remettre en cause leur sécurité, surtout si cette diminution est compensée, au moins partiellement, par le relèvement de leur aide publique au développement - une façon manifestement plus durable de travailler à la paix du monde. A terme, comme au Japon, pour chaque pays de l’Union un plafonnement à 1% de son PNB de ses dépenses militaires ? Voilà en tout cas pour l’Europe une règle d’or à la hauteur de la distinction dont l’ont honoré les Nobel !

Conditionner toute coopération au respect du droit international

L’exemplarité qui s’impose aujourd’hui à l’Europe lui interdit encore toute complaisance à l’égard de membres de l’ONU qui en bafouent régulièrement les règles. A ce propos elle devrait témoigner d’une plus grande fermeté vis-à-vis de l’État d’Israël et conditionner ses coopérations au respect par ce dernier du droit international et plus particulièrement des résolutions de l’ONU qui le concernent.

Ce sont là quelques mesures qui contribueraient à affirmer un leadership de l’Europe en matière de construction d’un monde de paix et qu’à ce titre l’on souhaiterait voir inscrites au programme des candidats à l’élection européenne.

Roland de Penanros
Article paru dans l’Orange Bleue, numéro 90, juin 2014