En cette année de commémoration du centenaire du début de la « grande guerre », les nouvelles génération se posent la question : comment a t-on pu pousser les peuples à une telle boucherie ?

La lecture de documents ou romans de l’époque, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, ou côté Allemand A l’ouest rien de nouveau d’ E.M. Remarque, nous décrivent l’allégresse des jeunes conscrits lors de leur engagement pour aller « casser du boche » ou « tailler les moustaches à Guillaume » Déjà pour motiver les troupes, il fallait désigner à la vindicte populaire un personnage exagérément caricaturé en mangeur d’enfant, casque à pointe en évidence. Pour exciter les haines, il fallait apparenter un peuple à son dirigeant. L’amalgame se faisait alors sans aucun discernement, et c’est la fleur au fusil que la jeunesse courait au massacre.

C’est une époque révolue, nous dira-t-on, on n’entraînerait plus les populations sur de tels chemins, l’expérience des hommes, leur maturité, la communication, les échanges, tous les moyens modernes d’information, empêcheraient le citoyen de se laisser berner une fois de plus.....

Il est difficile en effet, d’imaginer en 2014 les chars de Madame Merkel massés à nos frontières. Il n’existe plus d’ennemi héréditaire. Pourtant nous assistons épisodiquement, à un déchaînement politico-médiatique, lors d’événements internationaux touchant essentiellement les pays de l’Est, contribuant à créer artificiellement un climat de tension. La crise ukrainienne en porte témoignage : dans ce conflit où règne une totale confusion qui mériterait décence et analyse sereine, sont repris les arguments éculés des bons « occidentaux » ( Etats-Unis, Europe) face aux méchants de l’est. Il est vrai que dans ce dernier cas, la simplification de l’info par la recherche du leader détestable, nous est fourni en la personne de Vladimir Poutine, image non reluisante, entachée d’un lourd passé, mais, qu’on le condamne ou qu’on l’accepte, élu par la population de son pays. Il est insupportable pour le peuple russe de voir rééditer les moments les plus tendus de la guerre froide. En dédaignant le contexte historique complexe à l’origine des événements, les conditions économiques, politiques qui ont conduit à cette situation, les « occidentaux » privilégient une seule partition : la Russie constitue une menace pour l’Europe. Décidément la théorie des blocs antagonistes persiste et reste une entrave à une paix durable.

Dans sa vocation d’éducation à la paix, l’UEP a présenté une exposition, ludique, interactive : « Les sentier de la guerre , comment les éviter » visant, dans le cadre de l’apprentissage aux règlements des conflits, à faire découvrir aux enfants les notions de « rumeurs. » « préjugés » « bouc émissaire ».....Autant de principes qui mériteraient aujourd’hui d’être portés à la réflexion des adultes.

Yvon Pichavant
Article paru dans l’Orange Bleue, numéro 90