Il est difficile dans cette campagne des Présidentielles d’entendre les prises de positions des divers candidats en faveur de la Paix. En dehors des incantations, lorsqu’il s’agit d’évoquer les actions concrètes , c’est le mutisme.

Pourquoi une telle discrètion sur un sujet qui est pourtant une des prérogatives du Président de la République en tant que chef des Armées ? Le seul habilité à déclencher le feu nucléaire. De plus sur le plan économique, l’armement, qu’on s’en félicite ou le déplore, occupe une part importante du budget national . Informés amplement sur les économies à réaliser dans le domaine social, les citoyens français seraient en droit de connaître l’état des dépenses engagées dans celui de la défense. Les difficultés d’expressions des candidats sur cette question ne proviendraient-elles pas plutôt d’ un empêchement à se différencier de leurs concurrents ? Pour une vision pacifique du monde l’imagination fait défaut. Il est dommage que les prétendants à la magistrature suprême de la cinquième puissance mondiale soient aussi peu ambitieux et n’aient rien de mieux à proposer que le précédent gouvernement qui pourtant n’avait pas innové en ce domaine, enfonçant toujours plus profondément notre pays dans les conflits.

A la veille de nouvelles élections nous nous préparons à subir cette même politique interventionniste, tant est ressentie par les candidats la nécessité d’un alignement ( un seul s’en détachant ouvertement) sur une orientation dite « Atlantique » ; c’est à dire reposant essentiellement sur l’organisation belliciste qu’est l’OTAN sous domination des Etats Unis. L’idéologie dominante « Occidentale » maintient notre pays dans une allégeance de fait et de droit à l’empire américain. Une telle attitude nous condamne à répéter ce que les plus ancien ont connu sous l’appellation de « guerre froide ». Aussi est-il difficile dans de telles conditions de prêcher l’indépendance militaire de la France lorsqu’on reste enfermé dans une Europe entièrement soumise stratégiquement aux USA.

Les raisons de ce silence ne résulteraient-elles pas uniquement d’un désir de se maintenir honteusement dans le confort d’une illusoire protection, et par suite d’un manque de courage à affronter l’opinion sur un sujet qui plus que tout autre n’accepte pas la démagogie ?….

Yvon Pichavant
Orange Bleue, n° 104