Il y a un an, durant mon cursus de sociologie, une professeure nous a montré un film documentaire le 17 octobre, sur les massacres qui ont eu lieu à Paris à la même date en 1961. J’en parlais avec une camarade après le cours, elle ne savait rien de tout cela, alors que c’est une fille curieuse de tout et engagée.
J’ai entrepris dernièrement, un petit « sondage » rapide, avec des jeunes de mon âge, pour savoir ce qu’ils savent de la guerre d’Algérie et voici les quelques réponses les plus significatives :

Sophie 21 ans étudiante à l’université

« Je trouve qu’on en parle trop peu à l’école, même au lycée, c’était un sujet trop peu abordé. J’en ai eu surtout des échos parce que mon grand-père y avait été engagé, en fait... »

Gaëlle 21 ans ancienne étudiante d’histoire de l’art et archéologie

« Moi, je sais quelques trucs, mais pas grand choses et encore, c’est aussi parce que j’ai vu des documentaires »

Romain, 20 ans, étudiant à l’université

« Ce que j’en sais honnêtement ce sont les exactions perpétrées à la gégène... et que le gouvernement français était à l’époque très enclin à protéger ses intérêts pétroliers avec un lien très tendu contre le FLN. Donc en définitive je suis mal informé sur ce qu’il s’est produit là bas... Je connais approximativement l’histoire, mais comme tout le monde s’est tu, cette guerre est passée un peu inaperçue, me concernant »

Vous pouvez constater que la majorité des jeunes sont très peu renseignés à ce sujet, même ceux qui font des études supérieures.

Pourtant la guerre d’Algérie a eu des répercussions énormes et en a toujours sur les mentalités et la vie politique de notre pays. On constate que les associations de harkis et pieds noirs sont toujours actives, on observe des tensions autour de l’hommage à Albert Camus, on s’aperçoit que les relations entre la France et l’Algérie ne sont toujours pas complètement apaisées...

Pour que les jeunes générations comprennent vraiment ce qui se joue et qu’ils apprennent à vivre dans un monde de paix et de respect de l’altérité, il faut qu’ils sachent avec exactitude ce qui s’est passé. Rester dans le doute, c’est favoriser les préjugés et une réécriture idéologique de l’Histoire.

Quand on est mal renseigné, on n’a pas d’arguments et de références documentaires, pour contrer une personne qui affirme qu’il n’y a pas eu de torture durant la guerre d’Algérie, par exemple. Il faut que tout le monde se rende compte que connaître l’Histoire est essentiel, parce qu’elle nous permet de ne pas reproduire les erreurs du passé et de comprendre le présent.

Comprendre le présent, c’est pouvoir être en capacité de faire face à certains problèmes actuels, tel que le retour du racisme décomplexé.

Émilie L’Hostis

L’Orange Bleue, numéro 88, décembre 2013