Intervention d’Anne-Marie Kervern au nom de l’U.E.P.

Cette année, alors que la guerre est aux portes de l’Europe, l’Université Européenne de la Paix souhaite rappeler que les guerres sont des espaces de violation du droit des femmes, fruit d’une longue histoire liée à des représentations patriarcales.

Les guerres de la Révolution et de l’Empire exaltent l’héroïsme du citoyen-soldat de Valmy et de l’épopée napoléonienne. Plus tard, les guerres coloniales diffusent l’image du chasseur de fauves et son imaginaire : la force, l’aventure, l’exploit sportif et bien sûr la supériorité ethnique. La première guerre mondiale mobilise des millions d’hommes nourris d’un romantisme militaire enseigné dans les écoles. La guerre est un rite de passage à l’âge d’homme. La culture viriliste – culture de plouc - amalgame « bon pour le service » et « bon pour les femmes ». Ce fut une gigantesque tromperie à l’égard des jeunes recrues terrorisées, terrées dans la boue et décimées par le typhus, une gigantesque tromperie à l’égard de millions d’hommes qui en reviennent psychiquement et socialement cassés.

Aujourd’hui, les guerres tuent 90% de civils, pour la plupart des femmes et des enfants. Depuis des années, des opposantes féministes aux dictatures, telles les FEMEN ukrainiennes, avaient donné l’alerte. Elles voyaient juste…La guerre menée en Ukraine par un Vladimir Poutine obsédé de puissance, massacre des civil·es, pilonne des villes et bombarde des lieux abritant des femmes et des enfants, des personnes âgées, des maternités, des hôpitaux, afin de casser la Résistance.

Bosnie, Darfour, Yemen, Burkina Faso, Eryrthrée, Syrie, Rwanda, Ukraine, Congo, Mali.... et bien d’autres conflits, révèlent une expression désinhibée de la violence contre les femmes. On n’en finirait pas de citer la longue litanie des guerres dans lesquelles le viol est une arme redoutable, une stratégie de terreur.

En Iran se joue une guerre pour la démocratie et les droits des femmes. Celles qui défient le pouvoir - appelons-les des combattantes - savent que leur résistance civile se paye du prix fort. Enlevées, frappées, désignées comme ennemies quand elles ne respectent pas les règles édictées par des hommes et qui sont pour l’essentiel l’effacement de l’espace public, les femmes iraniennes nous donnent l’image d’une courageuse résistance.

Malgré la répression, des milliers de femmes et d’hommes descendent chaque jour dans la rue au péril de leur vie. C’est aujourd’hui une large part du peuple iranien qui se bat pour sa liberté, sa dignité, pour la démocratie et pour l’égalité.

Enfin, car la paix est notre objectif, rappelons que les femmes sont absentes des négociations de paix où elles représentent moins de 10% des négociateurs. A nous, pacifistes, de promouvoir une participation égale des femmes à la prévention et à la résolution des conflits, au niveau de la prise de décisions.

Il n’y a pas de paix sans égalité.

L’Orange Bleue, n° 131